Jeux virtuels et politique : un champ en friche

Vous connaissez peut-être le collectif d’artistes italiens Molleindustria. Ça fait un moment qu’ils tournent dans la blogosphère. J’y suis revenu par hasard et me suis dit que ça méritait un petit coup de projecteur. L’objectif du collectif : se réapproprier les jeux videos en ligne pour passer un message de sensibilisation politique.
Ça donne des choses particulièrement incorrectes et savoureuses. Je pense à Faith Fighter (combattants de la foi version street fighters), Operation:Pedopriest (sachez préserver vos prêtres pédophiles des scandales médiatiques). J’ai apprécié pour ma part le Queer Power qui vous transporte dans des abimes de perplexité sexuelle (une bonne façon de briser quelques clichés). Et enfin TuboFlex qui vous offre la possibilité de gouter aux plaisirs de la flexibilité (sans la sécurité) dans votre travail.
Une bonne façon de conscientiser les foules comme dirait l’autre et surtout un espace de réflexion que je trouve passionnant.

Si je peux saluer la performance ludo-politique de Molleindustria, je suis en revanche plutôt inquiet de l’expression « politique  » dans d’autres espaces virtuels ludiques. On avait déjà eu droit à des dérives frontistes dans Second Life, mais les choses deviennent plus gênantes lorsqu’un jeu qui s’adresse aux jeunes, voire au très jeunes, World of Warcraft (de Blizzard) pour ne pas le nommer, laisse ses membres promouvoir des discours de haine. J’avais remarqué le phénomène l’an dernier. L’un de mes lecteurs belges vient de me rapporter d’autres cas, nombreux et affligeants, toujours dans WoW, où des jeunes s’amusent à nommer leurs avatars : zyklon, himmler, polpot etc.

Que fait Blizzard, l’éditeur du jeu ? On attend. 

Les gosses face aux mondes virtuels, c’était aussi le sujet du dernier podcast de Digital Planet sur la BBC [eng].

Avatars vs robots : Vers une police d'humanité ?

On est en 1982 et sort le film culte de Ridley Scott, Blade Runner.
Vous vous souvenez surement du magnifissime Harrison Ford effectuant un test psychologique sur un répliquant (robot humanoïde particulièrement sexy en l’occurrence) pour voir si ce dernier est un humain ou un robot. Ce test, dit de Voight-Kampff, permettait à notre inspecteur Ford d’identifier avec un questionnaire surréaliste, tout avatar, tout humanoïde se faisant passer pour un humain. So what ?? me redirez-vous. Eh bien aujourd’hui sachez que le caractère humain de vos interlocuteurs sur internet est de plus en plus trouble. Que « Susy » qui vous interpelle sur un tchat pour vous inviter à visiter son site perso plutôt torride et surtout payant, n’est qu’un vulgaire algorithme . Que « Steev » qui vous alpague de nulle part sur votre messagerie mail pour discuter d’investissements n’a jamais existé. Que « Sylvia » qui vous appelle sur Skype n’a pas de géniteurs humains. Si ces situations sont plutôt drôles et marginales aujourd’hui, demain elles poseront des questions délicates, notamment juridiques (mentir sur la qualité d’humain est-il un délit ?). L’identité humaine de nos interlocuteurs devra être défendue, et tout abus sanctionné. Nous verrons alors cette police d’humanité, véritables bataillons de policiers-psy, dont Harrison Ford était l’ancêtre. (Certains anciens se souviendront que j’avais publié une chronique sur le sujet dans la revue TOC en 2004)
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Un Perec dans WoW ?

Je découvre aujourd’hui avec un certain ravissement qu’un joueur – un jeune étudiant américain – tente actuellement d’atteindre le sommet du jeu de baston online World of Warcraft, sans jamais ne tuer qui que ce soit (là, chapeau). Un projet extrêmement complexe (parce que le meilleur moyen de monter de niveau reste toujours la boucherie) qui ressemble, toute proportion gardée (j’insiste), à l’exploit d’un Perec écrivant tout un roman sans la lettre « E » (dans « La Disparition« ). Ça ne serre sert à rien mais c’est beau comme de l’art.

Via Boing Boing

WoW : une cuisine d'inspiration virtuelle dans votre assiette ?

J’adore les passerelles improbables entre monde réel et virtuel. Et là je suis servi. Avec cette étrange affaire décalée, absurde et néanmoins digeste (semble-t-il).

Aujourd’hui donc, je découvre un livre de recette (bien réel) inspiré de l’univers fantastique du jeu en ligne World of Warcraft. L’idée saugrenue de l’auteur du site, le « Chef Tauren », est de donner corps aux plats que les héros virtuels concoctent online pour se guérir (mis de côté les ingrédients difficiles à trouver irl comme la langue de raptor, ou la cuisse de dragon).

Notre cordon bleu précise :
« Tu t’es battu comme un Tauren, tu es mort comme un Tauren, alors pourquoi ne pas manger comme un Tauren ?« . C’est bien vrai. Quoique qu’un Tauren (hordeux particulièrement peu raffiné), ça bouffe pas forcément ce que déguste ma délicate chasseuse elfique du nom de Tristanzoner (Alliance, lvl 70)… 😉 *

J’ai conscience que ce billet apparaitra quelque peu obscur pour qui ne connait pas bien les mmorpg.

Via Wonderland

* À quoi s’ajoute le fait qu’une portion pour magicien nain, n’est pas la même que pour un Orc ; qu’un mort-vivant aura tendance à préférer la nourriture avariée ; sans parler des Elfes de sang avec qui il ne vaut mieux tout simplement pas diner… 😉

Virtuel/Réel : Souvenirs croisés

Outre d’être un ami, Benjamin Boccas est aussi photographe. Il cherche depuis quelque temps à explorer les univers virtuels (après de nombreuses séries, notamment celle-là qui me touche particulièrement même si elle n’a rien à voir).

Il m’a gentiment proposé de tirer mon portrait vu que je suis un mélange improbable de geek, de nerd et d’aventurier du numérique, son coeur de cible. Dans un même temps, il a pris des photos de mon avatar dans le jeu persistant en ligne, World of Warcraft que je cotoie depuis pas mal de temps maintenant.

Photo de Benjamin Boccas Photo de Benjamin Boccas

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