Avatars vs robots : Vers une police d'humanité ?

On est en 1982 et sort le film culte de Ridley Scott, Blade Runner.
Vous vous souvenez surement du magnifissime Harrison Ford effectuant un test psychologique sur un répliquant (robot humanoïde particulièrement sexy en l’occurrence) pour voir si ce dernier est un humain ou un robot. Ce test, dit de Voight-Kampff, permettait à notre inspecteur Ford d’identifier avec un questionnaire surréaliste, tout avatar, tout humanoïde se faisant passer pour un humain. So what ?? me redirez-vous. Eh bien aujourd’hui sachez que le caractère humain de vos interlocuteurs sur internet est de plus en plus trouble. Que « Susy » qui vous interpelle sur un tchat pour vous inviter à visiter son site perso plutôt torride et surtout payant, n’est qu’un vulgaire algorithme . Que « Steev » qui vous alpague de nulle part sur votre messagerie mail pour discuter d’investissements n’a jamais existé. Que « Sylvia » qui vous appelle sur Skype n’a pas de géniteurs humains. Si ces situations sont plutôt drôles et marginales aujourd’hui, demain elles poseront des questions délicates, notamment juridiques (mentir sur la qualité d’humain est-il un délit ?). L’identité humaine de nos interlocuteurs devra être défendue, et tout abus sanctionné. Nous verrons alors cette police d’humanité, véritables bataillons de policiers-psy, dont Harrison Ford était l’ancêtre. (Certains anciens se souviendront que j’avais publié une chronique sur le sujet dans la revue TOC en 2004)

Cas pratique :
– Le site ultra branchouille-geek Slashdot révélait il y a une semaine que l’entreprise Blizzard qui édite le jeu en ligne World of Warcraft et dans lequel on paye pour jouer avec son avatar dans un univers héroïque fantaisie 3D, a porté plainte contre le créateur de robots capables de jouer automatiquement (et donc de récupérer de l’or et des objets précieux 24h/24 ce que les joueurs humains ne peuvent faire). Mais que fait Ford !
– Que se passerait-il si une personne psychologiquement fragile, venait à tomber amoureux d’un bot se faisant passer pour une demoiselle (cas fréquent sur les sites de rencontres). Imaginez que cette personne, n’arrivant pas à capter l’attention de sa belle, se suicide. Qui sera responsable devant le juge ? Comment qualifier les faits ?
– Nous sommes sur Second Life et un entrepreneur crée un espace commercial pour y vendre des objets 3D online. Pour attirer le chaland, cet entrepreneur crée de nombreux avatars animés par des bots, afin de donner l’illusion du succès (y’a foule devant son échoppe, c’est donc que ça doit être populaire, se diront les passants). N’y a-t-il pas dans ce cas tromperie ? Que ferait Ford ? Un test de Voight-Kampff.

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