Le jeu Spore et le créationnisme

Après les Sims, le créateur de jeu Will Wright vient de lancer son nouveau jeu vidéo «Spore». Basé sur un principe évolutif, Spore propose de créer des entités vivantes et de gérer leur évolution du microscopique à macroscopique. Bon, je ne suis pas là pour faire de la pub à un jeu que je n’ai même pas essayé. Non, ce qui m’intéresse ici c’est les réactions qui se font jour autour le jeu.

Outre la récente polémique liée au système de protection excessive du jeu (DRM), c’est du côté créationniste que les réactions sont les plus surprenantes.

D’un côté, si je m’en tiens au site antispore.com :

Le jeu « attaquerait les valeurs chrétiennes » et « chercherait à convertir nos enfants à l’évolutionnisme » [source]

Diable ! Rien que ça ?
Si le site américain n’est pas un fake, on pourra s’attendre à ce que Sarah Palin en fasse un argument de campagne. 😉

De l’autre côté, le Discovery Institute, organe de propagande du design intelligent (avatar sophistiqué du créationnisme) croit au contraire voir la preuve de ses théories dans le nouveau jeu :

Tout le monde peut constater que Spore n’a pas vraiment de rapport avec le mécanisme darwinien, il a plus à voir avec le design intelligent [source]

Qu’ils soient pour ou contre, le jeu ne laisse vraisemblablement pas les créationnistes indifférents.

Le créateur du jeu, Will Wright, semble quant à lui avoir une position ambiguë sur la question, ce qui ne va pas éclaircir le débat :

Ce jeu n’est définitivement pas un univers créationniste. Vous pouvez néanmoins dire qu’il a des aspects de design intelligent. [source]

Question du jour : Spore a-t-il été créé par la main de l’homme ou par dieu (qui aurait inspiré son créateur) ? 😉

Jeux virtuels et politique : un champ en friche

Vous connaissez peut-être le collectif d’artistes italiens Molleindustria. Ça fait un moment qu’ils tournent dans la blogosphère. J’y suis revenu par hasard et me suis dit que ça méritait un petit coup de projecteur. L’objectif du collectif : se réapproprier les jeux videos en ligne pour passer un message de sensibilisation politique.
Ça donne des choses particulièrement incorrectes et savoureuses. Je pense à Faith Fighter (combattants de la foi version street fighters), Operation:Pedopriest (sachez préserver vos prêtres pédophiles des scandales médiatiques). J’ai apprécié pour ma part le Queer Power qui vous transporte dans des abimes de perplexité sexuelle (une bonne façon de briser quelques clichés). Et enfin TuboFlex qui vous offre la possibilité de gouter aux plaisirs de la flexibilité (sans la sécurité) dans votre travail.
Une bonne façon de conscientiser les foules comme dirait l’autre et surtout un espace de réflexion que je trouve passionnant.

Si je peux saluer la performance ludo-politique de Molleindustria, je suis en revanche plutôt inquiet de l’expression « politique  » dans d’autres espaces virtuels ludiques. On avait déjà eu droit à des dérives frontistes dans Second Life, mais les choses deviennent plus gênantes lorsqu’un jeu qui s’adresse aux jeunes, voire au très jeunes, World of Warcraft (de Blizzard) pour ne pas le nommer, laisse ses membres promouvoir des discours de haine. J’avais remarqué le phénomène l’an dernier. L’un de mes lecteurs belges vient de me rapporter d’autres cas, nombreux et affligeants, toujours dans WoW, où des jeunes s’amusent à nommer leurs avatars : zyklon, himmler, polpot etc.

Que fait Blizzard, l’éditeur du jeu ? On attend. 

Les gosses face aux mondes virtuels, c’était aussi le sujet du dernier podcast de Digital Planet sur la BBC [eng].

Virtuel/Réel : Souvenirs croisés

Outre d’être un ami, Benjamin Boccas est aussi photographe. Il cherche depuis quelque temps à explorer les univers virtuels (après de nombreuses séries, notamment celle-là qui me touche particulièrement même si elle n’a rien à voir).

Il m’a gentiment proposé de tirer mon portrait vu que je suis un mélange improbable de geek, de nerd et d’aventurier du numérique, son coeur de cible. Dans un même temps, il a pris des photos de mon avatar dans le jeu persistant en ligne, World of Warcraft que je cotoie depuis pas mal de temps maintenant.

Photo de Benjamin Boccas Photo de Benjamin Boccas

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Ghosts in the Net ?

JM Emy 2004Tout anthropologue qui se respecte vous le dira : une civilisation se révèle à travers ses rites mortuaires. La façon dont nous avons de gérer nos morts marque, sans doute possible, les traits particuliers de nos sociétés humaines.
Il faut toujours garder un oeil sur ces phénomènes, voir où ils s’expriment, sous quelle forme. Le moindre frémissement de leur part et c’est toute la civilisation qui change.
Une chose est certaine aujourd’hui : les rites mortuaires commencent à s’exprimer sur le net. Et pour marginaux qu’ils soient (pour le moment), ces phénomènes sont à prendre au sérieux.

  • Ma première expérience mortuaire sur le net.

Cela fait plusieurs années maintenant que je joue (irrégulièrement) à World of Warcraft (WOW), un monde immersif et permanent dans lequel chaque joueur possède son avatar (j’ai le mien, nommé tristanzoner). Des liens virtuels peuvent s’y tisser entre les individus pour parfois devenir des amitiés ou plus, si affinité. 😉
En mars 2005, j’ai appris que s’y tenaient des « commémorations mortuaires » en l’honneur d’une jeune joueuse chinoise décédée quelques jours auparavant. J’avoue avoir été bluffé par ce qui m’apparaissait être une sorte de funérailles virtuelles… C’était en tout cas, le signe flagrant que le net était en train de modifier nos pratiques mortuaires. Et ça, c’est pas rien.

  • Des cimetières 2.0 ?

Et puis il y a cette expérience dérangeante : celle d’un blog qui récence tous les utilisateurs de MySpace.com… récemment décédés. Passé le malaise de lire une liste nécrologique de jeunes à peine majeurs, le site se révèle être un véritable mémorial dont la nature, il faut bien l’avouer, reste encore ambiguë. Reste que les expériences de ce genre se développent de plus en plus.

  • Quid d’Afterlife ?

Ces phénomènes nous interpellent aujourd’hui, tout en restant quelque part, un peu tabous. N’avez-vous jamais pensé à ce que deviendraient vos témoignages online lorsque vous disparaîtrez ? Qui y aurait accès ? Comment seront gérées vos traces numériques après votre mort ?
Nous ne sommes pas nombreux à nous poser ces questions. Si AOL propose un suivi post mortem de vos données et Hotmail offre aux proches du défunt un cd de ses traces numériques, Yahoo pour sa part, couperait purement et simplement le compte du décédé et ne transmettrait ses données que sur décision de justice (via HowToWeb.com).
Bref, c’est le foutoir. Pas de règles. Le phénomène est trop récent. Et pourtant. Ces restes mortuaires, même virtuels, sont des traces dignes d’être respectées au même titre que n’importent quelles traces écrites.
En attendant, les utilisateurs du net s’emparent librement des symboles mortuaires et développent, sans le savoir le plus souvent, les rituels de demain.

  • Des e-ghosts de plus en plus nombreux ?

Quel pourcentage de blogs, de sites, présents aujourd’hui sur le net sont le fait de personnes aujourd’hui décédés ? Je ne sais pas. Par contre je suis convaincu que ces contenus fantomes formeront très vite un cortège important auquel on devra bien porter une attention particulière. La toile est de plus en plus hantée par des fantômes numériques sans statut ni considération.
En écrivant ces lignes que je réalise, tout d’un coup, que j’alimente probablement, ici-même, mon futur e-ghost… 0_o
Et tant que j’y suis, j’ai déjà trouvé le ghost de mon blog ! 😉

La vraie vie (Mobile Film Festival)

Contribution au concours de la seconde édition du Mobile Film Festival qui aura lieu en ligne du 10 au 30 janvier.
Les contraintes : 1 minute pas plus, le tout tourné au téléphone portable.
Pitch : virtuel vs réel… ou inversement. 😉

Featuring Natacha Quester-Séméon, Sacha Quester-Séméon et… Tristao Mokusei.
Réalisation, scénarisation et montage de Sacha et Natacha QS, avec ma participation.