Bon, tout le monde y va de son mot. L’affaire n’est pourtant pas d’une limpidité absolue. Je ne me prononcerai d’ailleurs pas sur le fond de l’affaire et présumerai – on est pas nombreux à le faire – qu’ils sont innocents de ce dont on les accuse.
Ce qui m’importe ici, c’est que la France semble laisser ses ressortissants seuls face à la justice tchadienne. Et ça, ça m’inquiète.
D’abord parce les juges tchadiens sont peu connus pour leur indépendance ou leur sens de l’équité (qu’RSF ou Amnesty ont souvent épinglé).
Ensuite et surtout parce que c’est le président tchadien lui-même qui annonce la qualification des faits (« enlèvements ») et la sanction (qui sera « sévère ») avant même que sa justice ne tranche… Autant dire que nos ressortissants français sont condamnés d’avance.
Le chef de l’Etat tchadien a annoncé que « les auteurs (de l’opération) seront sévèrement sanctionnés« . Il a affirmé que les enfants avaient été « enlevés« *, qu’ils ne sont pas orphelins, contrairement à ce qu’affirme l’Arche de Zoé, qu’il a accusée d’avoir voulu les emmener en France « contre le gré de leurs parents ». via Le Monde du 27 oct. 07
* « enlevés » ? Les dizaines de parents qui attendaient à l’aéroport en France seraient donc tous des complices de kidnappeurs ?
Lorsque notre secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, Rama Yade, martèle que l’opération de l’Arche de Zoé était « illégale » et « irresponsable » (ce qui n’est pas très présomption d’innocence entre nous), elle conforte (sur la forme) les autorités et l’opinion publique tchadienne…
Le résultat est prévisible, si ces Français restent là-bas, ce sera un lynchage judiciaire.
C’est pourquoi j’espère vraiment que le Quai d’Orsay va tout mettre en oeuvre pour les rapatrier au plus vite, afin qu’ils puissent s’expliquer devant nos tribunaux.
L’actuel gouvernement qui s’était tellement impliqué dans la libération des infirmières bulgares, lâchera-t-il ses propres ressortissants au Tchad ?