Le maurrassien Jean Ferré n'est plus.

Mais qui est donc ce Jean Ferré que pleure le Front National ? C’était le président de Radio Courtoisie, une radio de droite extrême avec laquelle j’ai une relation un peu particulière.

Cette radio m’a fasciné pendant très longtemps. J’avais là à portée d’oreille une perspective unique sur un monde ultraconservateur. La possibilité pour moi de côtoyer de près des individus dont l’univers mental m’était parfaitement étranger. J’y ai découvert une sorte de panthéon mythologique d’une France que je ne connaissais pas. Et Jean Ferré en était son petit président.

Il définissait volontiers sa radio comme étant d’inspiration maurrassienne. Maurras (le patron de l’Action française) qui en passant est une sombre ordure antisémite et réactionnaire. La radio a joué un rôle non négligeable dans les années 90 dans le rapprochement entre la droite et l’extrême droite. Maurras avait en son temps, et avec son média le journal l’Action Française, tenté de fédérer la Droite dite nationale. Ferré cherchera à faire pareil avec sa radio. À chaque occasion, radio Courtoisie sera le lieu de convergence de toutes les mouvances d’extrême droite. Mais aussi une passerelle privilégiée avec une certaine droite conservatrice.

À plusieurs reprises, j’ai eu des frictions avec l’équipe de Radio Courtoisie. Essentiellement à cause des papiers que j’avais publiés avec un collègue dans la presse nationale, dénonçant ses dérives. À la suite de quoi la radio a d’ailleurs été réprimandée plusieurs fois par le CSA pour des propos litigieux tenus sur la Shoah ou les chambres à gaz (voir articles en archives payantes dans Libération et Le Monde sous « Radio Courtoisie »).

Pendant plusieurs mois, mon nom était cité en début d’émission de façon très peu courtoise par l’un des animateurs (un des plus hystériques) le très royaliste Serge de Beketch. Je me retrouvais également dans les années 90 régulièrement épinglé par les journaux d’extrême droite (National Hebdo, la lettre d’Emmanuel Ratier ou le Libre journal de la France Courtoise). Je m’y découvrais faisant partie d’un fantasmatique lobby anti-Radio-Courtoisie. Ces derniers me décrivaient comme étant payé par de mystérieuses « officines » (voir glossaire courtois plus bas) pour scruter Radio Courtoisie.

Une parano bien classique dans ces milieux. Jean Ferré était d’ailleurs convaincu que sa radio était le centre d’une conspiration mondiale qu’il dénonçait aussi souvent qu’il le pouvait.

Jean Ferré était un homme particulièrement réac, ouvertement franquiste, et antidémocrate (c’est lui qui le dit). D’une intelligence modérée, il avait fait ses armes dans le Figaro Magazine (à une époque où le Figaro ressemblait à ça). Il fit de sa radio le rendez-vous régulier des Garaudy, Le Pen, Mégret, mais aussi des intégristes catholiques de tout poil, en passant par les nostalgiques de l’Algérie française, ou des monarchistes… Bref un univers peu ragoûtant.

Ferré rejoint donc son grand ami d’antenne, l’ancien avocat de Papon et pro-algérie française, Me Jean-Marc Varaut, mort en 2005 (bon parleur dès qu’il s’agit de flatter la France des clochets, excécrable dès qu’on touche aux valeurs humanistes).

Varaut, dont je suis très surpris de trouver un billet favorable sur le blog d’Eolas, qui ne doit pas avoir de radio chez lui. Parce que ce que j’ai entendu de la bouche de Varaut sur le plateau de Ferré est tout bonnement stupéfiant : apologie de la France coloniale, de l’Algérie Française, maurrassien comme Ferré, soutien à Pétain (!) [le bouclier de la France face aux nazis (arf)] et je passe ses opinions sur la place de l’Église catholique en France… parenthèse fermée.

La radio poursuit aujourd’hui son travail de propagande et s’ouvre doucement à l’extrême gauche (récemment à l’antenne l’écrivaillon proche de Dieudo, Alain Soral).

Pour ceux que l’aventure intéresse, les meilleures (ou les pires) émissions sont diffusées le mercredi de 18h à 21h.

Pour un plus de détails, relisez mes papiers de 1997 (10 ans déjà…) :

Reuters ouvre un bureau dans Second Life ?

Second LifePour un wow-addict comme moi, Second Life est une évolution naturelle. J’ai d’ailleurs ouvert un compte, il y a quelques temps sous le nom de Tristao Mokusei, en y expérimentant comme beaucoup de newbies, une certaine solitude. Mais les choses bougent. Si les politiques américains tentent des incursions dans Second Life pour y faire des conférences virtuelles ou campagne, un pas décisif vient d’être franchi avec l’arrivée d’une agence de presse majeure, Reuters, qui décide de couvrir de l’intérieur, l’actualité du monde virtuel en y ouvrant un bureau.

Pour Reuters, la démarche apparaît tout à fait naturelle. Aucune raison de ne pas couvrir un événement politique, culturel ou social, dès lors qu’il s’exprime dans Second Life.

Adam Pasick, le correspondant de l’agence basé à Londres sera le premier chef de bureau virtuel, sous le nom d’Adam Reuters. Il précise :

« Aussi étrange que cela puisse paraître ce n’est pas si différent d’un travail de reporter dans le monde réel ». « Un fois que vous êtes habitué, ce travail ressemble à celui que j’ai pratiqué ces dernières années ».

Ainsi donc, pour l’agence de presse, Second Life ne serait pas un monde étranger, sans conséquence dans le réel. Mais bien un lieu de production d’information digne d’une couverture internationale.

Une expérience à suivre, même si toute fois, le jeu peut apparaître comme une grande surface où la principale activité reste la vente et l’achat.

Second Life, quelques données (via le mag papier Wired d’octobre 06) :
– 3000 serveurs et un centre à San Francisco.
– 518 000 participants (avec une augmentation de 36% par mois)
– Moyenne d’age des résidents, 3,6 mois
– 16 000 « propriétaires terriens »
– Transactions mensuelles (environs 2 milliards de Lindon $ / 300 Lindon$=1$ us)

Rapide historique :
– L’univers Second Life est créé en mars 2002
– « Déclaration d’indépendance » en novembre 2003
– Le manifeste « destinée » inaugure la conquête de l’Ouest en décembre 2003 (rush d’achats de territoires virtuels)
– « L’age d’Or » avec l’arrivée des grosses entreprises commerciales (Coca-Cola, MTV ou Microsoft).

Al Gore présente son documentaire aux parlementaires français

Uncut capturé hier soir à la Maison de la Chimie près de l’Assemblée à Paris, juste avant la projection du documentaire d’Al Gore, « Une vérité qui dérange » sur le dérèglement climatique.

Pour ce qui est du documentaire lui-même, Libé en a pensé ceci, et je trouve ça assez juste.
Durée 8’40.

Erreur

MAJ : mes amis de memoire-vive.org ont également couvert la conférence de presse (notamment).