L'usurpation d'identité numérique nécessite une loi ?

WIP by EmyLorsque je lis les détails de cette affaire (une femme usurpant d’identité d’une collègue sur meetic), je me dis que la proposition de loi sur laquelle j’avais bossée l’an dernier est plus nécessaire que jamais.

D’abord et aussi étrange que cela puisse paraître, notre code pénal ne condamne pas l’usurpation d’identité sur le net en tant que telle (lire l’exposé des motifs de la proposition de loi). Le juge est donc contraint de recourir à des artifices détournés pour condamner l’e-usurpateur (ce qui n’est pas sain dans un État de droit). Ce fut le cas dans la récente affaire Meetic où l’e-usurpateur fut sanctionné pour « violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours » et pas directement pour l’usurpation numérique dont il était à l’origine.

On se rappelle peut-être qu’il a fallu attendre des années pour que le viol soit qualifié comme tel devant les tribunaux (on en restait à l’agression physique). Eh bien c’est la même chose avec l’e-usurpation, on en reste à l’atteinte pécuniaire, aux chocs émotionnels induits ou à « l’intrusion dans un système de données ». La proposition de loi sur l’usurpation d’identité numérique offre ici une autre voix, plus juste à mon avis.

Enfin, le texte présente un principe de fond : Si on veut sécuriser l’identité numérique des citoyens, plutôt que de charger en biométrie, en videosurveillance ou tout autre contrôle a priori (par nature liberticide), pourquoi ne pas présenter une simple réponse de droit ? Je préfère de loin qu’on fasse confiance aux citoyens en édictant des interdits qu’on peut ou ne pas suivre, quitte à en payer le prix après (c’est ça aussi la démocratie), plutôt que de vivre dans une société ultrasécurisée.

Je remercie donc Marc Rees de PC inpact d’avoir « ressorti » cette proposition de loi. Une façon de rappeler que le texte, comme toute proposition de loi émanant de l’opposition, n’a pas encore eu le privilège de figurer dans l’agenda gouvernemental. Et on se demande bien pourquoi…

Le candidat Roland Castro interdit de commémoration du 18 juin ?

Castro vs la policeC’était cet après-midi aux abords de la statue de Gaulle sur les Champs-Elysées à Paris. Le candidat à la présidentielle voulait y saluer la mémoire de l’homme du 18 juin « qui n’appartient pas qu’à la droite ». Pour l’accueillir, un cordon de policiers barrant l’accès au monument. On s’interroge sur les risques à l’ordre public qu’aurait pu engendrer une telle rencontre. Les quelques dizaines de personnes réunies autour du candidat ont, semble-t-il, effrayé la préfecture.

Aujourd’hui en France, on ne peut pas commémorer librement l’appel du 18 juin (surtout lorsqu’on est un candidat qui n’est pas de droite).

J’étais sur place, en voici quelques secondes. On y aperçoit Roland Castro faisant face aux policiers avant dispersion.

Affaire Outreau : "Et ça ne vous pose pas une question, Mr Burgaud ?"

Burgaud, coupable idéal ?Voilà la phrase qui m’est restée dans la tête, extraite des dernières heures d’auditions du juge Burgaud devant la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire dite d' »Outreau » (vous savez l’adword acheté par l’ump).

Étrange séquence, énigmatique pour moi, montrant un rapporteur de la commission Philippe Houillon, qui, le regard accusateur, répète : « ça ne vous pose pas une question ?… mais… ça ne vous pose pas une question ? » à un juge Burgaud qui cherche laborieusement à répondre quelque chose, à une question qui n’en est pas une. Burgaud se risque à triturer ses notes pour se faire aussitôt grondé, parce qu’il est l’heure de parler avec ses tripes. Or, le juge Burgaud n’est pas démonstratif (ce n’est pas son boulot d’ailleurs). On n’aura pas de catharsis. Et cela frustre beaucoup la Commission qui le montre bien.

Mais quelle est donc cette question évidente que le président de séance attendait avec tant d’énergie ? À ce jour, je me le demande encore.
Parce qu’au final, ça n’est pas une question que l’on pose en disant cela, c’est plutôt un gros doigt vindicateur qu’on vous met à la figure.

Burgaud s’est planté, il a mal apprécié la situation. Soit. Mais, à mon humble avis, c’est l’outil justice qui était foireux. Des procédures complexes impliquant plusieurs grandes administrations, orchestrées par une législation dévastée à chaque élection. La cause est plutôt à trouver du côté du « système judiciaire » dans son ensemble. « Système » dont le juge Burgaud n’est qu’un rouage (essentiel à la démocratie par ailleurs). Et ça, je ne l’oublie pas. En cela, je suis absolument du côté des syndicats de magistrats qui crient au bouc-émissaire.

Interview négationniste du président iranien dans Der Spiegel ?

sur blog.camera.org/Si je m’en tiens à Iran Focus, le président Ahmadinejad aurait donné cet interview au journal de référence allemand Der Spiegel, fin mai. Ses propos y sont affligeants et clairement négationnistes. Tout comme sa rhétorique qui consiste à mettre en abyme les sujets, sans logique d’espace-temps, noyer la raison dans des jeux de miroirs culpabilisants ou plus prosaïquement à répondre à une question par une autre. Derrière une pseudo-quête de « vérité historique », c’est à une véritable entreprise de négation de la Shoah qu’Ahmadinejad nous invite.

Et c’est inquiétant. Parce que certains sont perméables à son discours.
Chez nous, c’est Dieudo qui s’en fait complaisemment l’écho et on lie sur son site de campagne dieudo.net/2007, qui reproduit l’interview : « Ahmadinejad : le courage fait homme ! ». Propos qu’on retrouve sur le site pro-Dieudo labanlieuesexprime.org, nouveau relais des ogres.org, HS depuis une cyberattaque.

Sur le négationnisme d’inspiration iranienne, je relie avec intérêt ce vieux papier de mars 2000 que j’avais co-écrit sur le sujet : « Les dérives négationnistes du Hezbollah. » À l’époque c’était encore assez marginal. Aujourd’hui, Ahmedinejad las-bas, Dieudo ici, en sont devenu les principaux porte-parole…

Le porte-parole de l'UMP, Yves Jego, défie le PS et les Verts sur le Net ?

Photo trouvée sur kepplah.comCa date d’octobre dernier déjà, j’étais invité sur France Inter dans l’émission Eclectik du 19 pour un échange différé avec Yves Jego, porte-parole de l’UMP et proche lieutenant de Nicolas Sarkozy. Sujet du jour : les millions spams politiques envoyés par l’équipe de l’e-communiquant UMP, Arnaud Dassier. Durant l’émission, Yves Jego met au défi les Verts et le PS « qui sont des donneurs de leçons » [dixit Y. Jego] de ne pas utiliser les mêmes méthodes que lui (le sarkospam). En d’autres termes de ne pas utiliser des listings de emails commerciaux pour les détourner à des fins de propagandes politiques.
Voilà un beau défi pour 2007. Les Verts et le PS relèveront-ils le gant ? (Tiens et l’UDF ou les autres ?) S’engageront-ils à ne pas nous envoyer de courriels non désirés pour les prochaines élections ?
En voilà une bonne question.
Je la relaye.
Et puis, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il serait bon que nos partis politiques se dotent d’une charte éthique de communication politique sur le net… Et pourquoi pas brandir haut et fort la nethique ? 😉 (qui a l’avantage d’être une base éthique alimentée par les internautes)

ICI pour entendre le défi lancé par Yves Jego (que j’introduis rapidement). 😉
Ci-dessous pour l’échange entier. (4 min.)
LA

//thanx to : PB