La France, comme d’ailleurs la plupart des pays de la planète, refuse encore l’idée qu’un individu ait un droit à une mort digne. La mort, c’est l’affaire de tous dit-on, mais pas du premier intéressé. Et puis il y a cette lourde tradition chrétienne chez nous qui sublime la souffrance rédemptrice. Bien mourir, c’est en baver.
Un statu quo qui dure depuis toujours. Tout bien réfléchi, la situation actuelle ressemble pas mal à celle d’avant la légalisation de l’IVG en 1975. En ces temps reculés, les choses se faisaient de façon artisanale, salement, sans suivi médical. En un mot de manière barbare. Il aura fallu que les politiques se mettent (tardivement) en phase avec la réalité pour que le calvaire des femmes enfin s’atténue.
C’est la même chose pour l’euthanasie. L’illégalité qui marque toute aide au suicide, pousse le candidat à se débrouiller seul. Pendaison, défenestration, pilules, veines tranchées, autant de solutions hasardeuses qui, outre les supplices qu’elles peuvent engendrer, ne réussissent même pas toujours. Laissant le plus souvent la personne dans un état de vie pire encore.
Imaginer qu’un jour, on ne m’aide pas à mourir dignement, qu’on m’oblige à rester en vie en dépit d’une vie qui n’en est plus une, ça a le goût de l’enfer. Et cet enfer, si on l’a imposé à un jeune tétraplégique, il n’y a aucune raison qu’on ne nous l’impose pas à chacun d’entre nous.
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