« Nous n’accepterons pas que les Nations Unies s’occupent de la gestion de l’Internet ». C’est avec ces mots que l’ambassadeur américain auprès de l’ONU David Gross, a ouvert les hostilités, ajoutant : « Certains pays le souhaitent. Nous pensons que c’est inacceptable ».
Il concluait ainsi ce 29 septembre, dans le silence des médias européens, la gigantesque polémique opposant à Genève Européens et Américains au sujet du contrôle de l’Internet.Si les Européens, avec de nombreux autres pays, espéraient une co-gestion « multilatéralisée » sous l’égide de l’ONU, les Etats-Unis de leur coté persistaient à vouloir gérer seuls le réseau des réseaux. Déclinant à l’Internet sa vision du monde post 11 septembre marquée par l’unilatéralisme de ses interventions, l’Administration Bush refuse tout partage de pouvoir arguant d’une nécessité liée à « la préservation de la sécurité et de la stabilité de l’Internet« . Les dirigeants américains se retrouvent encore une fois isolés au sein de la communauté internationale, à l’instar de ce qui se passe en Irak.
Après 2 ans de débat, le Sommet mondial sur la Société de l’information organisé par l’ONU à Genève devait conclure en novembre en Tunisie… Mais le refus américain a tout fait capoter… Avec pour conséquence un possible éclatement du Net…
Risque de balkanisation du net.
La polémique internationale repose sur le contrôle de la racine des serveurs DNS et de l’affection des adresse IP (notamment l’affectation des noms de domaines). Aujourd’hui ce rôle est dévolu à l’ICANN dirigée par les Américains. Or, la communauté internationale souhaite que cette fonction soit placée sous l’autorité de l’ONU, ce que refusent les Américains.Si le consensus international est brisé, chaque pays pourrait « faire son Internet », entraînant la balkanisation du Net. Car si chaque pays, et certains y pensent déjà…, devaient affecter ses propres adresses IP ou noms de domaine, il en résulterait de multiples conflits de réseaux (plusieurs IP ou domaines pouvant avoir la même adresse).
Ce qui, au final, reviendrait ni plus ni moins à l’éclatement de l’Internet en mini-nets (par pays ou régions)…
La Guerre des e-Mondes est-elle déclarée ?