Sarah Palin soutiendrait la réouverture des enquêtes sur le 11 septembre ?

C’est ce qu’on croit comprendre dans cette vidéo tournée à l’arrache par un membre d’un réseau conspirationniste américain lors d’un récent discours de campagne de la colistière de McCain. Vouloir rouvrir l’enquête est en fait une façon détournée de dénoncer la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001 et d’accréditer la thèse du complot. Ce qui venant de Palin est pour le moins surprenant.
Sauf qu’à bien écouter, on a surtout l’impression que la pauvre Palin, un peu comme pour le coup de téléphone du faux Sarkozy qu’elle a reçu, ne comprend pas bien ce qu’on lui dit.

Clip trouvé évidemment sur un site conspirationniste français.

Que diront les anti-américains primaires si Obama est élu ?

C’est bien la question que je me pose à la veille de l’élection américaine. Tout ce fatras d’ultra-gauchistes, d’alter-réacs, de fachos nationalistes et autres rouge-brun dont le discours se nourrit exclusivement de la haine de « l’axe-américano-sioniste » (© Dieudo), comment vont-ils se reconvertir si Obama est élu ? Et à quoi ?
Je vois deux scénarios :
– soit ils deviennent des supporters de l’Amérique d’Obama, et leur pré carré de haine fantasmatique se réduit à Israel ;
– soit ils restent anti-américains primaires et « bushisent » Obama (notamment en le présentant comme une chose du sionisme).
Dans tous les cas, il y a de la recomposition dans l’air.
Pour le moment, j’ai plutôt l’impression qu’on s’oriente vers l’option 2 :

Barak Obama est un sioniste illuminati (s’il ne l’était pas, il ne serait pas dans cette course !!).

Lu sur le site rouge-brun pro Dieudonné lesogres.org.

Le MDI de Kemi Seba voit dans Obama, un franc-maçon membre d’une secte maçonnique sanguinaire « Skull and Bones » du fait notamment qu’il serait « cousin au huitième degré de Dick CHENEY », autre membre de cette supposée de la secte.

Côté rouge-brun tendance catho nationaliste (Boris Lelay), on lit :

Obama n’ouvre donc aucune « ère nouvelle », il conclue l’ancienne. C’est l’image même de l’homme créé par le sionisme. Déraciné, homosexuel… C’est donc ainsi que le sionisme veut faire croire qu’il a une alternative à son propre projet […]

Et vous, vous la voyez comment cette recomposition chez les anti-ricains primaires si Obama est élu ?

Allo Palin ? C'est Sarko !

C’est un peu facile mais ne boudons pas notre plaisir.

« Sarah Palin se fait avoir ! » : les Justiciers Masqués n’ont pas fini de se vanter de leur bonne blague. Après avoir piégé Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac, ces humoristes québecois se sont payés la colistière républicaine de John McCain. [source]

Pétain utilisait aussi le délit d'offense à chef d'état

Le Monde daté de demain :

Romain Dunand a comparu en appel, mercredi 22 octobre, à Paris, pour « outrage », pour avoir adressé un courriel à l’ancien ministre de l’intérieur : « Voilà donc Vichy qui revient : Pétain avait donc oublié ses chiens ! » Il risque 1 000 euros d’amende.

En lisant ces lignes, j’ai tout de suite pensé à un vieux papier que j’avais écrit en 2000 sur une affaire datant de 1941 et dont le titre était : « Pétain est un vieux cul » ou de la nécessité d’abroger l’offense à Chef d’État…

C’est une histoire bien singulière que nous livre la lecture de l’arrêt de la cour d’appel de Grenoble du 30 juillet 1942. Accessible aux Archives départementales de l’Isère, le document rapporte les « incidents » qui eurent lieu entre le 15 et 20 août 1941. Nous sommes non loin de Gap à Tallard. Monsieur L. et son ami entrent dans le café « Le Rivat », s’avancent au comptoir et entament une discussion … de comptoir. On parle de la guerre bien sûr, des Allemands, du rationnement et de l’État français. Durant la conversation qui s’anime, les deux amis en viennent naturellement à évoquer le Maréchal Pétain. Monsieur L. lance à son compère « Pétain est un vieux cul ». Les tenanciers, l’oreille traînante, sont, semble-t-il, outrés. Les propos sont immédiatement rapportés aux autorités judiciaires comme il est d’usage en France en ce temps-là. La condamnation ne se fait pas attendre. Amendes et prison pour « Offense à chef d’état ».

L’offense au chef de l’État constituait dans notre ancien droit le crime de lèse-majesté. La loi sur la presse du 17 mai 1819 punissait ainsi dans son article 9 les offenses publiques envers la personne du roi. Aujourd’hui, c’est l’article 26 (et 36 pour les chefs étrangers) de la loi du 29 juillet 1881 qui traduit dans notre droit positif cet héritage. Cette protection particulière accordée au chef de l’État, au respect dû à ses fonctions et à sa personne est, dit-on, une nécessité pour la bonne conduite de la nation. Du moins, c’est le principe. Car rappelons-le, c’est sur la base de ce texte d’exception que fut condamné Monsieur L. pour avoir dénoncé dans des termes il est vrai peu sophistiqués, un collaborationniste en puissance, le maréchal Pétain.

Qui ne lui donnerait raison aujourd’hui? Et pourtant, la loi et sa jurisprudence n’ont pas changé.
Q’un acte de résistance puisse être condamné par un texte toujours en vigueur, voilà qui est choquant. Ne dites jamais, même dans une conversation privée qui pourrait être entendu que « Chirac est un vieux cul », vous risqueriez une condamnation au titre de l’article 26 de la loi de 1881. Ne dites jamais qu’un dictateur tortionnaire lambda a, ne serait-ce qu’un teint pâlichon, vous vous exposeriez légalement à des poursuites sur la base de l’article 36 de la même loi. Car il faut bien comprendre jusqu’où ce délit peu être entendu. La jurisprudence, constante sur le sujet, s’est définie une doctrine extensive particulièrement dangereuse pour la liberté d’expression. Aujourd’hui le droit positif constate le délit d’offense à chef d’État, dès lors qu’est tenu un propos (voir un simple geste !) pouvant « heurter la délicatesse des sentiments ». Notion qui, soit dit en passant, n’a aucune définition juridique et résulte d’une casuistique autant subjective qu’hasardeuse. Nul doute que certains dirigeants pourraient trouver opportun de s’offusquer que l’on critiqua leur teint. Surtout si la remarque émane d’un opposant politique.

Tout ceci pourrait prêter à sourire si aujourd’hui encore, certains n’étaient poursuivis sur la base de ce texte. C’est ainsi qu’une plainte pour offense à chef d’état étranger a été déposée en septembre 2000 contre l’association Survie, présidée par François-Xavier Verschave et représenté entre autres par Me William Bourdon ; plainte déposée par trois présidents africains, Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou Nguesso, avec pour conseil le sulfureux Me Vergès. Il est clair que la loi n’invite pas le rédacteur du papier que vous lisez à se prononcer sur le cas d’espèce. L’offense pouvant être caractérisée à tout moment. Reste qu’à l’heure où les chefs d’État sont de plus en plus perçus en droit international comme de simples justiciables (cf. Milosevic ou Pinochet), et où la France a ratifié le traité instaurant un Tribunal Pénal international, le régime de l’offense semble aller à contre sens de l’histoire. De l’histoire et de l’Europe. Car il n’est rien moins sûr que ce régime d’exception soit compatible avec le corpus juridique tel qu’il ressort de la Convention européenne des droits de l’homme. Quid de la liberté d’expression au sens de l’article 10 de la Convention ou du principe de procès équitable au sens de l’article 6 ? L’intégration européenne y répondra tôt ou tard.

Pouvons-nous accepter aujourd’hui que la liberté d’expression s’aplatisse devant des courtoisies de salon ou devant une vision surannée de la fonction présidentielle ? Que des Jian Ze Min, Vladimir Poutine, et autre prince Rainier puissent tenir en respect les journalistes et associatifs d’une démocratie moderne? À ces questions nos parlementaires doivent répondre* tout en gardant à l’esprit le cri de liberté du résistant anonyme : « Pétain est un vieux cul »!

* Un an après avoir rédigé ce texte (que j’avais soumis à quelques journaux qui ne l’ont pas publié), j’ai écrit une proposition de loi pour le sénateur Dreyfus-Schmidt pour lequel je travaillais à l’époque. Proposition de loi visant à la suppression du régime de l’offense à chef d’état étranger. Les dispositions du texte seront finalement reprises par amendement et introduites dans le code pénal.
Si l’offense pour chef d’état étranger n’existe plus dans notre droit (et je ne suis pas peu fier d’y avoir participé), reste encore ce pustule de l’offense à chef d’état tout court, que Sarkozy n’a pas honte de réactiver.

Mon entreprise ne connait pas la crise, elle en vit

J’ai reçu ce matin un mail publicitaire de ebay m’annonçant le lancement de ebay Immo, « le meilleur d’ebay adapté à l’immobilier ». J’avoue être resté quelques secondes sur l’annonce avec une sensation étrange. Il est parfaitement légitime de parier sur la crise immobilière. C’est un marché porteur. Aux states, 1 million de maisons ont été saisies en 2007, le double en 2008. Un foyer américain sur 400 fait l’objet d’une procédure de saisie. Alors oui, il y a du business à faire et c’est absolument légal.

Ça me rappelle ces agences dont on m’avait parlé à la Nouvelle-Orléans cet été et qui organisaient des bus-tours pour les agents et promoteurs immobiliers dans les endroits sinistrés – histoire de voir s’il n’y aurait pas des occases à prendre. Dans le même genre quoique moins choquant à mes yeux, vous vous souvenez peut-être du premier docu de Michael Moore, Roger & Me, sur le désastre économique dans le Michigan lorsque Generals Motors avait décidé de virer tout le monde dans la région. Alors que tous sombraient dans la précarité, deux corps de métiers semblaient reprendre du poil de la bête : les huissiers et les serruriers… à cause du nombre exponentiel de saisies.

Tout ça pour dire, que je comprends qu’on fasse son biz sur la crise. Je trouve juste que tout ça manque un peu d’humanité. Ça doit être mon côté gauchiste…