Twitter vient d’annoncer en grande pompe que le moteur de recherche de Tweets n’affichera plus les messages effacés.
Pour faire court, lorsque vous écrivez un tweet et que vous décidez de l’effacer, il n’apparaitra plus ni chez vous, ni dans le moteur de recherche.
Sauf que.
1. si quelqu’un vous a retweeté, ces retweets resteront lisibles par tous;
2. toutes les API qui récupèrent les tweets (Seesmic, Tweetie, Tweetdeck, Twhirl) gardent la trace de tout message envoyé.
Comme cet utilisateur de Twitter qui, hier, a découvert que sa fille avait la grippe A, et a voulu le partager en ligne, avant de tout effacer. Faut dire qu’il avait exprimé son désarroi (fort légitime) sur un compte « corporate ». Le problème, c’est que je le suivais sur mon API Seesmic desktop et que ses messages sont restés dans la mémoire de mon lecteur, même après effacement. Evidemment, je l’anonymise.
Donc, gardez à l’esprit qu’il faut toujours tourner son tweet sept fois dans sa bouche avant de le publier.
Je remercie la sympathique équipe de Medialogues sur la Radio Suisse Romande pour cette série d’entretiens.
Points évoqués :
– Pourcentage de mes activités sur Twitter versus les autres plateformes sociales (blog compris).
– Twitter, vecteur de journalisme de lien.
– Twitter est un outil de tri de l’info.
– L’importance du sourçage des Tweets (qui, historique, réputation) pour estimer leur fiabilité.
– L’intérêt de la composition du bouquet de followers pour s’orienter dans la twittosphère.
– L’importance de la présence des médias tradis dans les réseaux sociaux, et la spécificité de leur signature.
Jamais je n’ai été confronté à une telle situation de toute mon existence.
Jamais je n’aurais cru que les choses iraient aussi vite, aussi loin.
Etre témoin de la naissance d’une icône n’arrive qu’une fois dans une vie.
Retour sur la chronologie.
Tout a commencé le 20 juin au soir, alors que la vidéo de la pauvre Neda tournait déjà sur le réseau, sans son prénom. En voyant la séquence j’ai, comme tout le monde, compris qu’il se passait quelque chose hors du commun.
J’ai très vite trouvé et contacté celui qui avait mis, pour la première fois, la vidéo en ligne sur son compte facebook, Hamed R., video qu’un ami a lui lui avait envoyé.
J’ai expliqué à Hamed qu’il fallait absolument nommer la victime, que c’était crucial. Il a alors interrogé son ami sur place et la toute première mention de Neda fut faite par Hamed en conversation privé avec lui le 20 juin à 23:26.
Information que je relayais aussitôt sur twitter avec cette première mention publique que je publiais à 2:32 PM le 20 juin, heure de Téhéran (puisque je m’y suis localisé), soit 6 minutes après.
J’écrivais ensuite le premier billet mentionnant Neda, le 21/06/2009 à 0:20 [heure de Paris] : Her name was Neda.
C’est le Huffingtion Post qui fit la première reprise le 21 juin à 7:57 PM ET.
De là, l’info a inondé la planète en passant par reddit.com, digg.com puis CNN, BBC, Al Jazeera.
NB : à plusieurs reprise Hamed a insisté à ce que je précise qu’on ne doit pas oublier son ami, celui qui a pris le risque de tourner les images. Son nom n’est pas mentionné pour des raisons de sécurité. Je signale donc l’auteur de la vidéo, mais Hamed ne doit pas minorer son rôle. Sans lui, le prénom Neda aurait pu rester à jamais dans l’ombre…
To Hamed : you are a great guy. What you have done in relaying your friends video, gave a chance to Neda to become a world symbol.
Pour finir, je n’ai aucune envie de vous remettre la vidéo de sa mort.
J’aimerais qu’on se souvienne de Neda autrement. J’ai pensé à ça :
Lyrics :
far far, there’s this little girl
she was praying for something to happen to her
everyday she writes words and more words
just to speak out the thoughts that keep floating inside
and she’s strong when the dreams come cos’ they
take her, cover her, they are all over
the reality looks far now, but don’t go
how can you stay outside?
there’s a beautifulness inside
how can you stay outside?
there’s a beautifulness inside
oh oh oh oh
far far, there’s this little girl
she was praying for something good to happen to her
from time to time there’re colors and shapes
dazeling her eyes, tickeling her hands
they invent her a new world with
oil skies and aquarel rivers
but don’t you run away already
please don’t go oh oh […]
NB : je suis totalement hermétique aux critiques du type : « mais ça sert à quoi d’écrire ça ? », « t’as pas mieux à faire ? », « tu crois que ça va changer quelque chose ? » « t’es pas un peu nunuche avec ta chanson ? » – Honnête, je m’en tape.
[MAJ 23 juin] Le célèbre site boingboing a récupéré ce qui semble être une très belle photo de Neda.
[english]
I asked Hamed R., who added the video on facebook of the young lady killed yesterday [update: no more accessible] in Iran, where his video came from and what was her name. He explained to me that he received this video from a neighbour in Tehran. And that her name was Neda.
Let’s not forget her.
Je crois que de toutes les images que j’ai pu voir en provenance d’Iran sur la toile, celles-ci ont été les plus éprouvantes. J’ai été profondément choqué en les visionnant. Une jeune femme qui décède en pleine rue, hier, pour avoir protesté contre le régime. Attention la video est absolument horrible : ici [maj : plus accessible]
Elle a été mise en ligne sur facebook et ailleurs. Mais nulle part son nom ou son prénom. Une autre de ces victimes anonymes qu’on croise sur la toile.
J’ai voulu en savoir plus sur l’origine de la vidéo et surtout je voulais pouvoir nommer la victime. Qu’elle ne soit pas que cette jeune fille morte en direct sur facebook ou youtube.
J’ai donc contacté celui qui a mis la vidéo en ligne sur facebook, Hamed R. Cet iranien est actuellement au Pays-Bas. Il a reçu la terrible vidéo d’une de ses amies qui habite à côté de chez lui à Téhéran. L’auteur de la vidéo a préféré passer par Hamed R. par sécurité et lui a dit que la victime s’appelait Neda.
Je peux comprendre que ceux qui sont pour Ahmadinejad l’expriment en ligne et notamment via Twitter, c’est fair game. Mais ce que je trouve lamentable, c’est de mentir ou de tricher pour parvenir à passer son message. Petit florilège, glané ça et là dans l’ahmadinejadosphère.
• Je pense d’abord à ce truquage photo très stalinien visant à gonfler le nombre de supporters d’Ahmadinejad :
• Je pense au site pro-Ahmadinejad farsnews.com qui cache dans ses pages des liens d’attaques contre des sites d’opposants. L’outil qu’il utilise est pagereboot.com, qui permet de couler un site en lui envoyant une masse de requêtes. C’est ce que l’on voit en regardant le code source de la page farsenews.com, en capture ici :
Les deux sites d’oppostion (pro-Mousavi) visés sont Balatarin.com et Ghalamnews.com.*
Celui qui détient le compte Twitter @Persian_Guy se fait appeler « Ebrahim Ansari », mito comme il est, ce n’est très certainement pas son vrai nom.
Comme quoi, au final, l’autorégulation, ça marche pas trop mal sur le net ! 😉 Et les enflures ne restent pas indéfiniment tapies derrière leur clavier.
C’est le message que j’ai tenté de passer sur RFI hier matin : Audio RFI
Et Public Sénat l’avant-veille :
Erreur
* Si farsnews est accessible et que vous le trouvez scandaleux, pagerebootez-le ! 😉 Cliquez sur ce lienad hoc et gardez ouvert dans votre explorateur.