Voilà la phrase qui m’est restée dans la tête, extraite des dernières heures d’auditions du juge Burgaud devant la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire dite d' »Outreau » (vous savez l’adword acheté par l’ump).
Étrange séquence, énigmatique pour moi, montrant un rapporteur de la commission Philippe Houillon, qui, le regard accusateur, répète : « ça ne vous pose pas une question ?… mais… ça ne vous pose pas une question ? » à un juge Burgaud qui cherche laborieusement à répondre quelque chose, à une question qui n’en est pas une. Burgaud se risque à triturer ses notes pour se faire aussitôt grondé, parce qu’il est l’heure de parler avec ses tripes. Or, le juge Burgaud n’est pas démonstratif (ce n’est pas son boulot d’ailleurs). On n’aura pas de catharsis. Et cela frustre beaucoup la Commission qui le montre bien.
Mais quelle est donc cette question évidente que le président de séance attendait avec tant d’énergie ? À ce jour, je me le demande encore.
Parce qu’au final, ça n’est pas une question que l’on pose en disant cela, c’est plutôt un gros doigt vindicateur qu’on vous met à la figure.
Burgaud s’est planté, il a mal apprécié la situation. Soit. Mais, à mon humble avis, c’est l’outil justice qui était foireux. Des procédures complexes impliquant plusieurs grandes administrations, orchestrées par une législation dévastée à chaque élection. La cause est plutôt à trouver du côté du « système judiciaire » dans son ensemble. « Système » dont le juge Burgaud n’est qu’un rouage (essentiel à la démocratie par ailleurs). Et ça, je ne l’oublie pas. En cela, je suis absolument du côté des syndicats de magistrats qui crient au bouc-émissaire.