Voilà pour ceux qui n’ont pas pu l’écouter, ma 20e et dernière chronique radio dans Place de la Toile sur France Culture. Le sujet du jour (pour ceux que ça intéresse) : la saga sur Twitter de BNO News (Breaking News On) de Michael Van Poppel.
Je profite de ce billet pour remercier toute l’équipe de l’émission à qui je souhaite tout plein de réussite ! ^^ Ca aura été une très belle expérience pour moi.
Special thanx to Thomas Baumgartner et Caroline Broué. 🙂
En bonus, je vous mets le texte de la chronique ici :
J’aimerais effectivement vous parler aujourd’hui de la saga BNO News, sur le service de micro-messagerie Twitter.
Tout a commencé le 20 mai 2007, lorsque le jeune néerlandais, Michael van Poppel, alors âgé de 17 ans, décide de lancer sur Twitter, le « service de micro-actualités le plus rapide du monde » – c’est lui qui le dit – à base de reprise, de dépêches d’agences, et de scoops glanés, autour du globe.
Son projet reste assez confidentiel jusqu’à ce qu’en septembre 2007, il vende à l’agence Reuters, tenez vous bien, une vidéo de Ben Laden qu’aucun media planétaire n’avait encore vu. Van Poppel précise qu’avant cette vente, il avait tenté en vain de proposer cette video à de grands médias en ligne, comme IReport de CNN.
Très vite, BNO News gagne en notoriété. Alors qu’en février 2009, il était suivi par un peu plus de 22 000 personnes, aujourd’hui, il dépasse allégrement les 800 000, en profitant aussi, il faut bien le dire, de la croissance exponentielle de Twitter.
Mais quel est le secret de son succès ?
Eh bien c’est très simple : être le premier à sortir l’information.
Et quand on est premier, on génère une très forte audience.
J’ai pu tester ce phénomène en chronométrant, le temps séparant la mise en ligne d’un scoop de BNO News, et l’apparition de leur sujet, dans le top 10, des mots, les plus utilisés sur Twitter.
Ce top 10, on l’appelle le Trending topics, et c’est une sorte de baromètre de l’actualité mondiale.
Lorsque BNO News a mentionné la mort de Michael Jackson, avant les grands médias planétaires, il n’a fallu que 19 minutes, montre en main, pour que ce scoop arrive dans le top 10 de Twitter.
J’ai pu calculer la même chose pour l’annonce de la démission de Sarah Palin, de son poste de gouverneur d’Alaska. 19 minutes après la publication sur BNO News, l’information atteignait, encore une fois, le top 10, de Twitter.
Mais comment est-ce qu’ils arrivent à être les premiers sur l’information ?
Eh bien Van Poppel explique que les médias classiques attendent le plus souvent une confirmation officielle avant de publier une information, ce qui forcément délaye un peu sa sortie.
Eh bien BNO News de son côté se place précisément dans ce petit intervalle et n’attend pas la confirmation officielle, pour rendre publique une information.
Et ce qui est assez étonnant, c’est qu’ils arrivent à le faire sans commettre trop d’erreurs.
En fait, Van Poppel s’est adjoint les services de vrais journalistes professionnels, aux Pays-Bas, au Mexique ou aux États-Unis. Et ils pratiquent tous, une sorte de journalisme « light » si j’ose dire – même si le terme est horrible – avec un seuil de tolérance, face aux informations, beaucoup plus élevée que pour les journalistes traditionnels.
Évidemment, ça heurte tous ceux qui défendent, à juste titre, le métier de journaliste, avec ses méthodes de validation et son crédit particulier. Seulement, en étant un peu plus audacieux que les autres, Van Poppel et son équipe sont en passe de devenir, LE média planétaire des scoops – devant les agences de presse, comme Reuters ou AP.
En attendant, on est nombreux à se demander, quel est le modèle économique de BNO News. Eh bien pour le moment, il n’y en a pas vraiment. Même si Van Poppel envisage à court terme, la sortie d’une application payante pour iphone et un abonnement, tout aussi payant, pour son fil d’actualité.
Reste que BNO News bouscule encore plus, un écosystème de l’information en pleine tourmente aujourd’hui, et qu’il se présente de plus en plus comme un acteur incontournable, de la fabrique de l’information.
Certains commencent même à parler, de l’apparition d’une immédiacratie, dont le jeune Michael Van Poppel – qui aura 20 ans, le 20 décembre prochain – serait l’un des représentants.