Télé-popu-réalité au Sénat ?

[Texte écrit à deux mains]
France 2 a lancé le 15 mars dernier une programmation particulière pour élire « Le plus grand Français de tous les temps »… Final le 4 avril… Quel spectacle ! Magnifique ! Sous les dorures de l’hémicycle de la Haute assemblée se déroulait l’émission phare de France 2 « Le plus grand français de tous les temps ». Un parterre de personnalités sur leurs 31 venus acclamer qui un joueur de foot avec de grosses cuisses qui une chanteuse de variétoche hasbeen et, noyés dans ce people-paillette, quelques grands personnages de l’Histoire dont certains morts pour la France…

Outre le caractère incongru de l’événement qui ne fait pas honneur au Service public, on en vient à se poser quelques questions. Et d’abord pourquoi le Sénat s’est-il prêté à ce jeu de télé-popu-réalité ? L’émission d’importation britannique déjà diffusée en Angleterre et en Allemagne, ne s’est pas tenue ni à la Chambre des Lords ni au Bundesrat. Apparemment on est moins regardant ici, à moins que cela ne soit l’expression de l’exception culturelle française… Et puis il y a les symboles : voir un Ardisson royaliste et gueulard dans une enceinte démocratique, on se dit qu’au fond de lui, il doit bien se marrer le Thierry. D’autant que la loge de monsieur (qui quémanda du Champagne millésimé au frais de la princesse paraît-il) fut exceptionnellement sise à la salle dite du « cabinet des Ministres » pancardé pour l’occasion « Loge d’Ardisson »… Le Sénat est donc devenu, le temps d’une émission, une grande salle de spectacle type du Zénith ou Olympia, avec une logistique digne des plus grands événements du Showbiz. On se souvient de la visite cordiale de sa majesté la reine Elisabeth qui, elle, n’a pas eu droit aux mêmes honneurs de l’Hémicycle…

Enfin la Haute assemblée déjà considérée par certains comme une « anomalie », avec un budget d’1,5 milliards de francs par an, s’est offerte un caprice télévisuelle qui a paralysé son activité pendant une journée. Sachant qu’un jour de fonctionnement au Sénat nous coûte (nous les contribuables) 1,5 milliards/365 soit environ 4,1 millions de francs, on trouve la blague un peu cher… Et moyennement drôle pour ceux qui y bossent.
Tristan Mendès France et Sébastien Turcat, assistants au Sénat.

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