Grippe A : quand la xénophobie prend souche

En lisant cet article [eng] de Reuters (via le twitter que l’agence de presse vient de créer en veille épidémique), j’ai tout de suite pensé à un vieux papier que j’avais écrit il y a 11 ans (arf).
D’abord, Reuters souligne qu’au Texas de plus en plus de voix dénoncent l’immigration mexicaine comme un vecteur de diffusion de la maladie. Il se trouve qu’Obama a annoncé une réforme de fond de l’immigration, un mauvais timing qui risque d’accentuer la confusion entre immigré et malade…

J’en viens au vieux papier que j’avais écrit en 1998 et dont je vous livre un extrait :

« Cet a-priori du migrant porteur de maladie vient pervertir les discours sur l’immigration sans qu’on puisse toujours savoir clairement ce qui du fantasme ou de la réalité médicale l’emporte. 
Quand la Fédération des Académies de médecines fait adopter le 8 et 9 novembre 1996 à Bruxelles, une motion enjoignant les membres de l’Union Européenne à se méfier “des risques que présente l’immigration, en particulier l’immigration clandestine en propageant certaines maladies … dont la fréquence devient menaçantes“, doit-on y lire un danger réel? Lorsque le 13 avril 1997 l’Hérald Tribune titre: “Europe faces disease invasion from East“, doit-on véritablement s’inquiéter ? »

in la revue Passages, « La légende du Juif Errant, prototype idéologique de l’immigré porteur de maladie » 9-4-98

NB : après la grippe porcine, la grippe mexicaine, la « nouvelle » grippe, apparemment on doit dorénavant dire : grippe A.

Disparition du groupe d'extrême droite au Parlement européen !

Qu’y a-t-il de pire pour un ultra-nationaliste d’extrême-droite ?
Un autre ultra-nationaliste d’extrême droite, mais de l’autre côté de la frontière.
L’Internationale des fachos n’est pas pour demain. Et c’est tant mieux.
En attendant, le Parlement européen respire un air frais des plus rafraichissants.
Vive le cannibalisme entre fachos (en l’occurrence entre des Italiens et des Roumains).


Extrait (30 secs) du Journal du monde du 14 novembre 07 sur LCI

Travail d'intérêt général pour politiciens xénophobes ?

constructionVoilà une belle initiative que nous propose la justice belge (Libération 19 avril 06). Plutôt que de ne condamner qu’à l’inégibilité, le président du FN belge, Daniel Féret, pour xénophobie, les tribunaux ont choisi d’y intégrer 250 heures de travail d’intérêt général… « dans le secteur de l’intégration des personnes étrangères »! On rêve d’un tel système chez nous. J’en touche un mot à mes amis d’Anticor. Exemple à suivre.

"Notre gestapo de l'Algérie française "

« Notre gestapo de l’Algérie française « 
Date de Création: 20 Oct, 1997, 12:50 PM

À l’heure où l’on juge Maurice Papon pour ses crimes contre l’humanité durant la seconde guerre mondiale, à l’heure où l’on espère voir se lever le drap de l’oubli sur ce que furent les responsabilités de notre nation (et pas seulement de l’État français) durant les heures sombres, à l’heure où l’Église de France fait son timide mea culpa pour ses positions entre 39 et 45, il est nécessaire en ce 36 ème anniversaire du massacre des algériens du 17 octobre 61 de questionner notre pays sur un autre de ses trous noirs historiques qu’était la Guerre d’Algérie. On se rappelle peut-être de la célèbre affaire Audin, ce professeur de mathématiques à l’université d’Alger qui, accusé d’affinité avec le FLN, fut arrêté et torturé par les autorités françaises. Cette affaire mit en lumière la responsabilité directe de trois ministres du gouvernement Guy Mollet en 56-57. Dénoncées par le FLN et par des intellectuels français comme un système répressif dignes des méthodes nazis, ces pratiques furent niées par le gouvernement Mollet. Elles furent pourtant reconnues dès cette époque, par des acteurs et des témoins de la barbarie, et finalement justifiées par le général Massu en personne en 1971 comme « un moindre mal ».
Y a-t-il eu une gestapo française durant la guerre d’Algérie ? Le 13 janvier 1955 dans un article titré « Votre gestapo d’Algérie », Claude Bourdet, appuyé en cela par François Mauriac, s’en prend violemment aux tortures pratiquées ça et là par les autorités françaises instituées. Depuis le début des agitations fellaghas, de nombreux témoignages concordant rapportent certaines pratiques telles que le supplice de la baignoire, le gonflage à l’eau par l’anus, le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale…
Ce triste anniversaire d’octobre 61, où sous la responsabilité de Maurice Papon des centaines d’algériens furent noyés dans la Seine, sera peut-être l’occasion de se rappeler que l’histoire de France n’est pas un monument que l’on doit vénérer, mais un parcours qu’il faut questionner – n’en déplaise à Philippe Séguin -. La France de Vichy n’est pas si loin de la France de la guerre d’Algérie : Maurice Papon symbolise bien cette continuité puisque du statut de secrétaire général de la préfecture de Gironde de 42 à 44, à celui de préfet de police de Paris pendant la guerre d’Algérie, il n’y a qu’un pas franchi allègrement jusqu’au poste de ministre sous Giscard d’Estaing – un long fleuve tranquille, somme toute -. Espérons que la question écrite posée à monsieur Jospin par la député Véronique Carrion-Bastok, il y a quelques jours à peine, sur la reconnaissance de la responsabilité de l’État français durant la crise d’octobre, sera le moment privilégié d’une prise de conscience plus large qui lèvera un jour peut-être le flou véritablement politique qui règne encore sur l’ampleur des exactions des autorités françaises durant toute la guerre d’Algérie.

Tristan Mendès France
et Michael Prazan
Marianne 20/26 octobre 97