Contre le FPÖ un espoir : la CEDH.

Date de Création: 12 Nov, 1999, 12:32 PM

Voici quelques arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, devenue récemment permanente) qui en révélant toute l’ambiguité de la politique judiciaire autrichienne face au FPÖ (le parti populiste de Jorg Haïder), ouvre la voie à une nouvelle résistance institutionnelle. À plusieurs reprises du milieu des années 80 à nos jours, les juges autrichiens ont condamné pour diffamation tous ceux qui relevaient les accointances du FPÖ avec l’idéologie nazi. Très procéduriers, comme leurs acolytes français du FN-MNR, les meneurs autrichiens d’extrême droite ont systématiquement attaqué en justice et ont toujours obtenu gain de cause devant des juridictions autrichiennes par trop conciliantes. Si ce n’était pour les arrêts de la CEDH, toute réaction citoyenne resterait muselée.
Très instructives, ces quelques affaires le sont à plusieurs titres. Jugez plutôt.

Le 9 octobre 1975, quatre jours après des élections législatives en Autriche, M. Simon Wiesenthal, président du Centre de documentation juive, accusa dans un entretien télévisé M. Friedrich Peter, président du Parti libéral d’Autriche (FPÖ), d’avoir servi pendant la seconde guerre mondiale dans la première brigade d’infanterie des SS, qui avait à plusieurs reprises procédé à des massacres de civils derrière les lignes allemandes en Russie. Le lendemain, M. Bruno Kreisky, chancelier sortant et président du Parti socialiste d’Autriche (SPÖ), fut interrogé à la télévision sur ces accusations. Immédiatement auparavant, il avait rencontré M. Peter à la Chancellerie fédérale. Leur réunion s’inscrivait dans le cadre des consultations habituelles entre chefs de partis en vue de la formation d’un nouveau gouvernement; elle avait éveillé beaucoup d’intérêt dans le public, parce qu’avant les élections du 5 octobre on avait examiné l’éventualité d’un gouvernement de coalition Kreisky-Peter (Nous sommes en 1975, que dire de la position de l’actuel gouvernement autrichien ?). Kreisky soutint avec vigueur M. Peter, qualifiant les activités de M. Wiesenthal de « mafia politique » et de « méthodes de mafia ». Le rédacteur en chef de la revue Profil M. Lingens, décida de publier les informations concernant le passé nazi de M. Peter, et les complaisances du Chancelier à son égard. La sanction ne se fit pas attendre. Il fut attaqué pour diffamation, et condamné par la justice autrichienne à de lourdes amendes. Ayant épuisé tous ses recours juridictionnels, M. Lingens porta l’affaire devant le CEDH qui à la stupéfaction des chroniqueurs, jugea le 24 juin 1986, contraire à l’article 10 de la convention (liberté d’expression), la décision autrichienne.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la Cour européenne eut à connaître d’autres affaires semblables en tout point à la précédente : Le 29 mars 1983, par exemple, pendant la campagne pour les élections parlementaires, une émission de télévision relata certaines déclarations de M. Walter Grabher-Meyer, alors secrétaire général du Parti libéral d’Autriche (FPÖ) et, fait notable, membre de la coalition au pouvoir : il avait suggéré de relever de 50 % les allocations familiales des femmes autrichiennes, et de diminuer de moitié celles versées aux mères immigrées. M. Oberschlick rédacteur en chef de la revue autrichienne Forum, compara alors dans ses colonnes cette proposition du FPÖ au manifeste du NSDAP du 24 février 1920, notamment son article 7 : “ Nous exigeons que l’État s’engage à veiller par priorité aux possibilités d’emploi et aux moyens de subsistance de ses ressortissants ». Encore une fois, les instances judiciaires autrichiennes constataient l’existence d’une diffamation à l’encontre du dirigeant FPÖ. Encore une fois la CEDH rectifiait le tire par son arrêt du 23 mai 1991. Leçon retenue ?

Certainement pas. Le 7 octobre 1990, Jorg Haïder, président du parti libéral autrichien (FPÖ) depuis 1986 et chef du gouvernement du Land de Carinthie, prononça au mont Ulrich à l’occasion d’une « célébration de la paix », un discours à la gloire de la « génération de soldats » qui avaient participé à la seconde guerre mondiale. Il y exprimait l’idée que tous les soldats, y compris ceux de l’armée allemande, avaient combattu pour la paix et la liberté. Un journaliste tenta alors de rapporter ces faits en soulignant le caractère apologétique du discours. M. Haïder porta plainte devant les juridictions de son pays, qui condamnèrent, sans grande surprise, l’impétrant. La CEDH, sept année plus tard, sanctionnera de nouveau une Autriche qui, condamnations après condamnations, semble doucement prendre la mesure de l’image détestable qu’elle donne à la communauté européenne et internationale.

Aujourd’hui, seule la Cour semble avoir les moyens de lutter contre la dérive réactionnaire de l’Autriche. Cette institution gagnerait a être reconnue et ses combats méritent d’être salués. D’ailleurs, si sa condamnation pour diffamation envers Jean-Marie Le Pen est maintenue, Mathieu Lindon peut être certain de trouver chez elle un allié fiable. Après un Oberschlick contre Autriche à quand un Lindon contre France ?

Tristan Mendès France
12nov99

Pour une réhabilitation de la « pensée unique »

Pour une réhabilitation de la « pensée unique »
Date de Création: 10 Aug, 1998, 01:00 PM

Cela fait maintenant quelques années que le terme de  » pensée unique  » est sur toutes les lèvres, sans qu’on sache trop précisément de quoi il s’agit. Car aussi absurde que cela puisse paraître, la critique systématique de la  » pensée unique  » voyage allègrement d’un extrême à l’autre, sur les bancs de l’Assemblée nationale ou au bistrot, et il semble bien entendu que, si cette critique et l’utilisation de termes dépréciatifs qui l’accompagne est, semble-t-il, la chose la mieux partagée en France, elle ne peut en aucun cas recouvrir les mêmes réalités. Car comment imaginer que la  » pensée unique  » puisse définir la même chose quand elle est instrumentalisée par un dirigeant de l’UDF qui n’a de foi qu’en le libéralisme; au travers de la rhétorique du FN ou dans la presse de gauche bien pensante ? D’abord, il y a ceux qui – et cela de manière absolument transpartite – s’élèvent contre l’Europe de Maastricht et le pouvoir de la Banque Centrale. Pour ceux-là, du FN au PC,  » pensée unique  » est bien souvent synonyme de  » monnaie unique « . Dans d’autres milieux, elle peut également revêtir les traits d’un néo-poujadisme qui s’insurge contre le pouvoir des élites, et apparaît alors accompagnée du terme  » technocrate  » ou de la sempiternelle stigmatisation de l’ENA, des médias, de la bourse, et du pouvoir politique dans son ensemble. Cette chanson-là, on la connaît bien. La  » pensée unique  » devient ici synonyme  » d’establishment  » et affleure généralement en période de crise. En radicalisant ce discours,  » la pensée unique  » peut laisser entendre qu’il existe en France une espèce de conspiration, de complot occulte qui, de la droite à la gauche parlementaire, et par le truchement des médias, tire les ficelles du monde des élites en imposant son idéologie, une politique unique qui résiste aux alternances électorales. En d’autre temps, cette pensée unique-là s’est appelée tour à tour  » franc maçonnerie « ,  » banques juives « , et en poussant un peu,  » cosmopolitisme  » ou  » mondialisme « . On peut également y voir l’ombre de puissances étrangères (les Etats-Unis, Israël, ou l’Union Européenne) qui dictent leur loi en sous-main. Cette dernière version n’étant qu’une variante de la première, toujours fondée sur une aliénation identitaire aux dérives paranoïaques. Car, ancrée bien souvent à l’extrême droite, cette critique repose sur des laïus inconciliables. Elle s’attaque à une culture prétendument gauchisante, à la fois ressentie comme permissive et autoritaire. Permissive sur le plan social (et en particulier sur l’immigration) mais autoritaire quand il s’agit des lois Pléven et Gayssot; lois qui nous interdisent de proférer des propos racistes ou antisémites. Il s’agit en fait d’une critique voilée de la démocratie et du socle même sur lequel elle s’est érigée, de ce séculaire refus des Droits de l’homme comme fondements de notre morale républicaine.

Dans le monde politique traditionnel, (et également au sein du Parti Socialiste) la  » pensée unique  » ne définit que du flou. Elle ne tend pas à stigmatiser telle ou telle mesure en particulier, mais plutôt une incapacité à réaliser un programme de gouvernement alternatif, une incapacité à engager des réformes courageuses. Discours convenu qui empiète sur les plates-bandes du  » politiquement correct  » mais qui autorise la critique des dirigeants au sein même des partis, qu’ils soient de droite ou de gauche. Avec une telle variété de définitions superposables ou antagonistes, il n’est pas étonnant de voir, par exemple, la presse de gauche récupérer le mot quand cette même presse est pour d’autres l’incarnation suprême de la  » pensée unique « .

En essayant malgré tout de dénouer les fils confus de cette terminologie, de passer outre la multitude d’émetteurs qui s’est attribuée la  » pensée unique « , ce qui émerge en réalité, c’est un refus du consensus, et une difficulté à accepter les réalités imposées par une majorité de français. Dans le terme même de  » pensée unique  » se trouve un discrédit méprisant à l’égard de tout projet commun et la volonté inconsciente de pulvériser ce qui peut rester de lien social. En brandissant comme un étendard perdu la Nation, c’est elle, en vérité, qu’on empêche d’exister. Car derrière chaque cible de la  » pensée unique « , il y a un consensus national que l’on tente de pervertir ou de dévoyer. Le mot même de  » consensus  » est du même coup tombé en disgrâce puisqu’il est toujours affecté de l’adjectif  » mou « . Doit-on rappeler que le traité de Maastricht a été ratifié par référendum ? Est-il par ailleurs aberrant de concevoir une liberté de parole qui ne soit parasitée par ces discours haineux qui ont provoqué le chaos en Europe ? Pour le reste, les différentes tendances politiques ou culturelles de la France ne semblent pas être moins représentées dans la presse ou ailleurs, en proportion égale à leur pouvoir politique, que dans n’importe quel autre pays. Et il ne semble pas non plus si évident, après un bref examen, que la gauche, ce soit la même chose que la droite, même si certains partis politiques ont connu des périodes de turbulences et qu’ils n’ont pas su réagir efficacement devant l’ampleur de la crise, quand ils étaient au pouvoir. Il n’y pas pour autant motif à rejeter confusément le suffrage universel.

Le fait d’être confronté à un consensus ressenti comme inacceptable force naturellement certains à le contourner, notamment par l’utilisation floue et péjorative de cette terrible  » pensée unique « , bouc-émissaire virtuel qui nous condamne à l’échec et derrière lequel il est si confortable de se réfugier en se préservant de regarder de l’avant. Si la  » pensée unique « , c’est en définitive la recherche du consensus par des moyens politiques légitimes et légaux, au lieu de passer son temps à la pourfendre, appelons-là au contraire de nos voeux. C’est peut-être à ce prix que l’on amorcera sereinement le prochain millénaire, à l’image d’une équipe de France bigarrée, rayonnante et championne du monde de football. A moins que la consécration de Zinédine Zidane, héros national d’origine Kabile; cette explosion de joie qui a noyé le temps d’une finale les différences et les rancoeurs, ne soient autre chose qu’une nouvelle émanation de la  » pensée unique « .

Trisatn Mendès France
Michael Prazan
Marianne 10-16 aout 98

" Le débloc-notes " de Max Clos dans le Figaro

Publié in L’événement du jeudi, le 23 avril 98

Comme son nom l’indique le « Bloc-notes de la semaine » est un rendez-vous hebdomadaire, concocté par le responsable de la page « Opinions » du Figaro, Max Clos. Cette rencontre entre le chroniqueur et ses lecteurs est l’occasion de quelques mises au point sur les événements de la semaine, ou de libres discussions, dès que le sujet s’y prête. Convivialité ne signifie toute fois pas désordre. Le « bloc-notes » obéit ainsi à certaines règles :
D’abord la liberté d’expression doit être respectée :  » La page des « Opinions » et spécialement le « Courrier » se veulent un espace de liberté, permettant à tous les lecteurs de s’exprimer, les partisans du FN aussi bien que ses adversaires  » [13/2/98]. Il faut ensuite éviter tout manichéisme : Si  » le Courrier n’est pas – et ne deviendra pas – une machine de propagande au service du Front national  » [13/2/98], il n’empêche que  » Le FN est un parti légal. Ses partisans ont les mêmes droits que n’importe quel citoyen. Ses élus ont la même légitimité que ceux des autres formations  » [13/3/98]. Enfin, il faut se tenir au verdict des lecteurs : À la question de savoir si oui ou non les partis de droite doivent faire alliance avec le FN, Max Clos rappelle que  » Le « Courrier des lecteurs » a reçu plus de 500 lettres. La quasi-unanimité de nos correspondants se prononcent [pour des accords]  » [20/3/98]. C’est le suffrage des lecteurs. L’alliance est d’autant plus envisageable que contrairement à d’autres formations politiques,  » le FN n’a jamais été au service d’une puissance étrangère  » [20/3/98] et que  » dans le programme minimum proposé à la droite modérée par le FN, on ne voit pas ce qui pourrait être considéré comme contraire aux « valeurs républicaines »  » [20/3/98]. Les convictions de Max Clos ne sont pas toujours exprimées frontalement. Il utilise souvent le propos de ses lecteurs pour donner son point de vue, quand il ne reprend pas à son compte la phrase de tel ou tel. Il y a cependant des moments où l’équivoque n’a plus sa place et où le chroniqueur exprime clairement ses positions : Durant le procès Papon, c’est en faisant une apologie d’Henri Amouroux qu’il témoigne son soutien à l’ancien préfet de Gironde [10/10/97] ; Le pardon des évêques de France envers la communauté juive, en octobre dernier, est à ses yeux  » une regrettable entreprise de déstabilisation de la France  » [10/10/97] ; Et, lorsqu’on commémore les ratonades du 17 octobre 61, le chroniqueur fait quelques mises au point : d’abord il justifie  » l’affrontement [durant la manifestation en précisant qu’il était] voulu par le FLN « , il ajoute ensuite que  » les français sont sommés de se livrer à un nouvel acte de « repentance » pour avoir réprimé une manifestation organisée par des terroristes installés sur leur territoire  » [24/10/97].

Il arrive également à Max Clos de polémiquer directement avec ses lecteurs quand, par exemple, il laisse passer des courriers défavorables à l’exécution de Karla Tuker. Ce « laxisme » lui vaut un déluge de protestations émanant des partisans de la peine de mort. Ses lecteurs lui adressent alors quelques vilains mots, notamment celui-ci :  » Vous êtes immonde, je ne lirai plus jamais le Figaro  » [13/2/98]. Exemple à suivre ?

Tristan Mendès France
Michaël Prazan
L’événement du jeudi, 23 avril 98

Le négationnisme japonais s'affiche dans les publications populaires.

Le Monde 9/97
Yoshinori Kobayashi est un manga-ka, autrement dit, un dessinateur de bandes dessinées japonaises. Son style graphique ne le distingue pas vraiment de ses confrères; les yeux de ses personnages sont aussi grands qu’ailleurs, et les postures, les simagrées, les expressions emphatiques parsemées d’onomatopées humoristiques y font loi, à l’instar des plus célèbres mangas comme Candy ou de Dragon Ball Z. En cela, Kobayashi ne fait que se plier aux figures imposées du mode d’expression qu’il s’est choisi. Pourtant, dans cette gigantesque production du Manga, adaptée aux différentes composantes socioculturelles de la société japonaise (les mangas s’adressent aussi bien aux cadres supérieurs qu’aux lycéennes en uniforme marin), Kobayashi fait figure d’exception. Ses mangas ne sont qu’un alibi, un prétexte lui permettant de délivrer un message politique. Deux fois par mois, dans la revue Sapio, revue d’actualité proche des milieux réactionnaires – mais qui n’en est pas moins populaire, particulièrement auprès de la jeunesse – , Kobayashi remplit plusieurs pages de ses cases dessinées. La célébrité de Kobayashi, amorcée depuis une quinzaine d’année, a connu une véritable renaissance, il y a environ quatre ans, lorsqu’il fut l’un des premiers à discréditer les pouvoirs publics dans une affaire de sang contaminé, puis en révélant les complicités de la secte Aum Shinrikyo. Le procès d’Asahara Shoko, l’inquiétant gourou criminogène de la secte, à l’origine de l’attentat au sarin dans le métro de Tokyo en 1995, est aujourd’hui en cours de jugement. Kobayashi est avant tout un chroniqueur politique, un satiriste qui ne mâche pas ses mots ni ne dissimule ses accointances idéologiques. Voilà deux ans qu’il s’est lancé dans un nouveau combat, en joignant les rangs du jiyushugi shikan, le  » libéralisme historique « , un mouvement de type révisionniste mené par Nobukatsu Fujiyoka, professeur d’histoire à Todai, la plus prestigieuse université du pays. Ce mouvement profite par ailleurs de nombreux appuis au sein du PLD (parti libéral démocrate – au pouvoir presque sans discontinuer depuis l’après-guerre) puisque un frange du parti lui garantit un soutien discret. Rappelons au passage que le gouvernement japonais a dissimulé pendant cinquante ans des preuves attestant des exactions et des massacres commis par l’armée impériale, encouragé souvent en cela par les Etats-Unis. Ce même gouvernement qui a si longtemps masqué l’ampleur des massacres et la responsabilité du Japon en refusant les termes de  » guerre d’agression  » dans les livres scolaires et en oblitérant ou minimisant les pages les plus noires de son histoire contemporaine.
Approchant la quarantaine, Yoshinori Kobayashi est identifiable au premier coup d’oeil. Avec son visage juvénile, ses cheveux plaqués et ses lunettes rondes, Kobayashi (qui autrefois reçut le titre de  » l’homme le mieux habillé du Japon) est familier du grand public grâce à la figurine de ses dessins. Le manga-ka a en effet trouvé le moyen de s’exprimer à la première personne en créant un personnage à son image, un double dessiné qui le suit depuis des années et construit la biographie de ses prises de positions successives. Narrateur partisan et familier, ce personnage qu’il introduit dans chaque page de ses bandes dessinées lui tient lieu de porte-parole. Dans ces mangas les plus récents, il propose sans langue de bois sa version des événements du passé tout en discréditant ses adversaires, animés selon lui d’un  » masochisme  » destructeur et antinational. Les bulles de ses dessins sont le cadre de discours fleuves et enflammés qui, insidieusement, séduisent une nouvelle génération de Japonais éduqués dans un flou historique, et sur qui le manga révisionniste produit l’effet d’un exutoire. Dans Le Manifeste du nouvel  » orgueillisme  » (Shin gomanisumu sengein), Kobayashi écrit:  » dans le désordre de la guerre, l’armée impériale a fait construire des maisons pour protéger les femmes de la violence qui régnait quand le Japon est entré en Chine.  » Et si ces femmes chinoises ou coréennes ont fini par sombrer dans la prostitution, Kobayashi soutient que le Japon n’a rien à y voir:  » Ce ne sont pas les japonais qui ont rassemblé les femmes de réconfort forcées, mais les collaborateurs chinois. Ce sont eux qui en ont fait commerce pour leur propre compte. « . Le personnage Kobayashi, petite figurine en noir et blanc, dans des postures convulsives et hyperboliques, tour à tour moraliste, accusateur ou perplexe, mais toujours en proie à une hystérie graphique et dramatisée par le genre, déjoue, au fil de ce manga (d’abord publié en feuilleton dans Sapio puis édité en version intégrale le 20 mai 1997), les pièges et les contradictions de  » l’histoire officielle « . Se voulant représentatif de la génération des enfants du Baby-boom, Yoshinori Kobayashi retrace dans son Manifeste du nouvel  » orgueillisme  » la trajectoire exemplaire de ses réflexions sur la question des femmes de réconfort et des événements qui l’entoure. Il y raconte qu’après une longue période d’indifférence sur ces lointaines questions concernant  » la guerre d’occupation « , il s’est mis à douter des discours en vogue qui tendent à noircir à dessein les responsabilités du Japon dans cette affaire. Finalement, ayant pesé le pour et le contre des arguments de chacun, il se serait laissé convaincre par des personnalités plus éminentes que lui en la matière.
Mais ne nous y trompons pas, la rhétorique révisionniste de Kobayashi utilise les mêmes détours que ceux énoncés par Roger Garaudy au cours de son récent procès. Se défendant de toute forme de racisme, Kobayashi affirme que son jugement repose sur des faits objectifs et des doutes légitimes, quand ses détracteurs n’ont à lui opposer que des sentiments au mieux généreux, au pire pervertis par des médias qui s’efforcent de propager une haine du Japon. Passant sous silence les quelques 3000 victimes de l’Unité 731 ou les charniers de Nankin, il distille le doute sur la question très précise des  » femmes de réconfort  » (euphémisme jusqu’alors admis par le ministère de l’éducation), et la conclusion de son manga passe nécessairement par son ralliement à  » l’association pour la révision des livres scolaires  » de ses amis Nishio Kanji et Nobukatsu Fujiyoka. Ce ralliement aura pour conséquences sa collaboration à un récent livre révisionniste qui compte plusieurs signatures prestigieuses, mais aussi son éviction de SPA, un autre magazine dans lequel il publiait ses dessins. En novembre dernier, le lobby de Kobayashi réussissait à faire supprimer du grand mémorial de Nagasaki 176 témoignages photos des massacres de Nankin, sous prétexte qu’ils provenaient de films de propagande américaine. Le sac de Nankin
Un an après le pacte anti-comintern signé entre Tôkyô et Berlin, le Japon envahit en 1937 la Chine du Nord. Pékin capitule très vite devant l’armée japonaise, mais le gouvernement chinois, qui siège alors à Nankin, décide de résister. Il envoie l’armée barrer la route aux japonais, mais cela n’empêche pas Shanghaï de tomber à son tour. Arrivée à Nankin, l’armée impériale japonaise se livre à un véritable massacre. Les 200 000 chinois qui se trouvent encore dans la ville (beaucoup ont fui avant l’arrivée des japonais) sont tous exécutés dans d’atroces conditions. Les femmes sont sauvagement violées, des hommes et des enfants sont enterrés vivants ou suppliciés selon des directives précises. La ville est mise à sac puis brûlée de fond en comble. Le Prince Asakasa, premier responsable de ce carnage, ne sera jamais inquiété après la guerre.

L’Affaire des femmes de réconfort
En 1990, le gouvernement niait toujours l’existence de ces jeunes femmes, chinoises ou coréennes, que l’armée Japonaise avait enrôlées pendant la colonisation de la seconde guerre mondiale pour servir de défouloir sexuel à ses soldats. Mais à partir de 1993, les documents incriminant clairement les responsabilités de l’armée furent produits par ce même Ministère de la Santé et des Affaires Sociales qui les niait trois ans plus tôt, ou furent révélés par la presse. Non seulement la mention  » femme de réconfort  » est écrite en toutes lettres sur ces documents d’époque (attestant de fait leur existence), mais on y découvre également la systématisation de la méthode employée à l’époque. Les dernières enquêtes estiment le nombre de ces  » femmes de réconforts  » (dont on admet aujourd’hui qu’elles étaient forcées à la devenir et très souvent brutalisées) dans une fourchette de 150 000 à 200 000 personnes.

L’ Unité 731.
Entre 1936 et 1945, dans un centre de Mandchourie proche de Harbin, un groupe de scientifiques japonais pratiqua des expérimentations biologiques à des fins militaires. L’unité 731, sous la direction du général Shiro Ishii, assassinat plus de 3000 personnes (la plupart étant des civils chinois) afin de doter l’Archipel d’armes bactériologiques. L’unité 731 recruta plusieurs centaines de médecins issus des plus prestigieuses universités qui se livrèrent à toutes sortes d’expérimentations morbides : On inocula ainsi à des cobayes humains – des  » maruta  » chinois, mandchous ou russes blancs – la typhoïde, la dysenterie, la tuberculose et d’autres virus. Entre 1940 et 1942, l’unité 731 mit en pratique ses recherches dans la région de Nankin en propageant des épidémies par les puits et les sources. Après la guerre, les américains offrirent au général Ishii l’impunité historique en échange de ses travaux scientifiques. Ishii poursuivit sa carrière dans la haute administration. Aujourd’hui, de nombreux procès s’ouvrent à Tôkyô. Les familles des victimes chinoises, profitant de la relative entante entre le Japon et la Chine, attaquent l’Etat japonais en lui réclamant des excuses officielles et des dédommagements financiers.

Tristan Mendès France
Michaël Prazan

Glossaire Courtois de Radio Courtoisie

Glossaire Courtois de Radio Courtoisie
Date de Création: 26 Aug, 1997, 12:45 PM
Glossaire Courtois.
L’événement du Jeudi 26 aout 97

(RC=Radio Courtoisie)
ASSIMILATION : Il serait bon de  » remplacer le ministère de l’intégration par le ministère de l’assimilation  » déclarait il y a peu Jean Ferré dans son émission du lundi. Selon le petit Robert, assimiler, c’est  » rendre semblable “. Or, si  » intégrer “, c’est accepter la différence de l’autre,  » l’assimilation  » passe nécessairement par la négation de toute différence. La dissemblance physique place de fait toute une cathégorie d’étrangers en marge de la Nation.

B’naï B’rith : l’association juive est sur Courtoisie devenue récemment la synthèse de toutes les puissances  » occultes  » qui participent au complot mondialiste:  » Un certain nombre de puissances occultes; la franc maçonnerie, le B’nai B’rith ont pour objectif la destruction des nations (…) et un grand nombre d’hommes politiques – je ne citerai pas de noms – se sont littéralement soumis au diktat du B’naï B’rith.  » déclarait Paul Lambert en mai dernier dans le Libre-Journal des médias.
CIVILISATION : Jean Ferré martèle régulièrement que seules les civilisations française et européenne sont à l’origine des grandes avancées scientifiques et culturelles. Impostures donc, l’invention des chiffres par les arabes, ou l’astronomie des chinois.
DECADENCE : La société légale est en décadence. RC s’y oppose en affirmant l’idée d’une France ancrée dans son identité, conservant farouchement ses valeurs quand partout ailleurs elles sont bafouées, attaquées ou ignorées. L’immigration, le mondialisme qui envahit la culture et la noie dans un vaste magma planétaire sont les principaux agents de cette décadence.
ÉGALITARISME : Par égalitarisme, on dénonce sur RC, tous ceux qui revendiquent l’égalité républicaine. Prôner l’égalité entre les hommes reste une  » utopie marxisante “, alors que souligner l’inégalité des races n’est qu’un constat rationnel,  » désidéologisé “.
FRANCOPHONIE : RC est la radio du pays réel et de la francophonie. Le terme francophonie est compris par Jean Ferré comme un patrimoine français que l’on doit défendre au même titre que la nation. On craint alors l’immigration de mots étrangers et le métissage culturel.
GENOCIDE : il est utilisé et circonstancié à trois occurrences: le massacre des Vendéens au cours de la guerre civile de 1792; l’extermination de 4 millions d’embryons par l’IVG; le massacre des Irakiens perpétré pendant la Guerre du Golf. Jamais il n’est utilisé lorsqu’il est question de la Shoah, le génocide juif.
HUMANITARISME : désigne cette idéologie des droits de l’homme qui autorise à ouvrir nos frontières et à assister financièrement ou médicalement les étrangers au détriment des français. C’est bien sûr le résultat d’un complot qui vise encore une fois à détruire l’identité française.
MONDIALISME : Ce terme est la version moderne du  » cosmopolitisme “, ou de ce qu’était  » l’Anti France  » sous Pétain.
OFFICINE : Chères à Jean Ferré, les officines sont de véritables agences secrètes de perversion et de propagande ayant pour objet la destabilisation de sa radio.
PAYS RéEL : Présente dans le jingle de la radio, cette notion marque l’appartenance à une vision bien spécifique de la nation : celle qui s’est manifestée lors de la Contre Révolution. Opposé en tout point au pays légal des jacobins, le pays réel fait référence à un système d’état où la légitimité du pouvoir provient de la nature des choses. On est plus élu, mais investi ; on ne gouverne pas, on dirige. L’ordre naturel prévaut sur l’ordre social.
RESISTANCE : Pour Jean Ferré, le président de la Radio,  » les seuls résistants  » qu’il connaisse se comptent parmi  » les hauts fonctionnaires de Vichy “. Par extension, la France doit aujourd’hui résister contre l’invasion des immigrés, le fiscalisme ou la pornographie; bref, de toutes les formes que prend aujourd’hui  » la décadence “. RC est bien sûr l’organe de cette résistance.
SIONISTE : adjectif qui supplante progressivement le mot  » juif  » (inutilisable) et le mot  » israélite  » (encore parfois utilisé) dans le vocabulaire de RC. Contrairement aux deux précédents, il offre l’avantage de créer un lien avec l’Etat d’Israël et donc une prétendue appartenance des juifs français à une  » puissance  » étrangère. Il permet donc de relativiser la valeur de la nationalité accordée aux juifs français.
QUELQUES DéRAPAGES.
16 OCTOBRE 1992.
“ Il y a des juifs qui ont souffert, il y a des catholiques qui ont souffert, il y a des laïcs qui ont souffert… Si on fait le total il y a beaucoup plus de non-juifs massacrés et morts en déportation que de juifs “, dixit Pierre de Villemarest, co-animateur du  » Libre Journal  » de Claude Giraud sur RC. Ancien de l’OAS, il est le chantre des théories conspirationnistes françaises et membre du comité de rédaction de la revue intégriste catholique  » monde et vie “.
20 NOVEMBRE 1996.
“Je pense qu’en France en 1943, on ne traitait pas les juifs comme on traite aujourd’hui les gens du FN. Évidemment on les arrêtait, on les déportait. En Allemagne il y a eu des choses, mais en France je n’ai pas souvenir qu’il y ait eu de pogroms comme on en fait actuellement aux gens du FN… », dixit Serge de Beketch, animateur du  » Libre Journal  » du mercredi sur RC. Ancien scénariste de  » Pilote “, raciste déclaré, il est rédacteur en chef d’une publication  » Le Libre Journal de la France Courtoise “, présente sur Minitel et sur Internet. Il fut chargé de la communication à la mairie FN de Toulon.
20 MARS 1997.
 » Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz, je dis qu’il y a eu des essais de chambre à gaz… Je connais deux ou trois cas d’essais… j’ai des chiffres précis … qui démentent tous les chiffres qu’on a donné… “, dixit Pierre de Vilmarest (voir plus haut).
Tristan Mendès France
Michaël Prazan
L’événement du Jeudi 26 aout 97