Dérive rouge/brun d'Etienne Chouard ?

Etienne Chouard, héros du non au (mini) Traité européen, semble s’égarer.
Je découvre avec une certaine stupéfaction qu’il apprécie et relaie une vidéo où le conspirationniste Thierry Meyssan, mille fois discrédité pour ses théories ubuesques sur les attentats du 11 septembre, est interviewé par le pro-FN/Dieudo, anarchiste d’extrême droite, xénophobe, misogyne et homophobe, Alain Soral.
Comme quoi à trop épouser le discours anti-élite, anti-« establishment », anti « média officiels », anti « pensée unique », anti-parlementaire, on en vient à se paumer dans des marécages idéologiques nauséeux…
Erreur de parcours ou évolution naturelle ?

« Thierry Meyssan interrogé par Alain Soral »
http://www.dailymotion.com/video/x3ol2v_thierry-meyssan-par-alain-soral-par_politics
Un entretien passionnant […] où Thierry Meyssan, animateur du réseau Voltaire, est interrogé par Alain Soral à partir de son dernier livre.

Via http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Liens.php [Entrée n°18]

Ce qui excite sans surprise les antisémites exaltés du réseau putride lesogres

Europe : Permis de chasse pour les services secrets étrangers ?

« Il semble qu’une grande partie de l’Europe soit devenue un joyeux terrain de chasse pour les services secrets étrangers« . C’est le constat du secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, qui ajoute : « Le ciel européen apparaît aussi excessivement ouvert« . L’Europe, nouveau Far West des barbouzes de la planète ? Source Guardian.

Contre le FPÖ un espoir : la CEDH.

Date de Création: 12 Nov, 1999, 12:32 PM

Voici quelques arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, devenue récemment permanente) qui en révélant toute l’ambiguité de la politique judiciaire autrichienne face au FPÖ (le parti populiste de Jorg Haïder), ouvre la voie à une nouvelle résistance institutionnelle. À plusieurs reprises du milieu des années 80 à nos jours, les juges autrichiens ont condamné pour diffamation tous ceux qui relevaient les accointances du FPÖ avec l’idéologie nazi. Très procéduriers, comme leurs acolytes français du FN-MNR, les meneurs autrichiens d’extrême droite ont systématiquement attaqué en justice et ont toujours obtenu gain de cause devant des juridictions autrichiennes par trop conciliantes. Si ce n’était pour les arrêts de la CEDH, toute réaction citoyenne resterait muselée.
Très instructives, ces quelques affaires le sont à plusieurs titres. Jugez plutôt.

Le 9 octobre 1975, quatre jours après des élections législatives en Autriche, M. Simon Wiesenthal, président du Centre de documentation juive, accusa dans un entretien télévisé M. Friedrich Peter, président du Parti libéral d’Autriche (FPÖ), d’avoir servi pendant la seconde guerre mondiale dans la première brigade d’infanterie des SS, qui avait à plusieurs reprises procédé à des massacres de civils derrière les lignes allemandes en Russie. Le lendemain, M. Bruno Kreisky, chancelier sortant et président du Parti socialiste d’Autriche (SPÖ), fut interrogé à la télévision sur ces accusations. Immédiatement auparavant, il avait rencontré M. Peter à la Chancellerie fédérale. Leur réunion s’inscrivait dans le cadre des consultations habituelles entre chefs de partis en vue de la formation d’un nouveau gouvernement; elle avait éveillé beaucoup d’intérêt dans le public, parce qu’avant les élections du 5 octobre on avait examiné l’éventualité d’un gouvernement de coalition Kreisky-Peter (Nous sommes en 1975, que dire de la position de l’actuel gouvernement autrichien ?). Kreisky soutint avec vigueur M. Peter, qualifiant les activités de M. Wiesenthal de « mafia politique » et de « méthodes de mafia ». Le rédacteur en chef de la revue Profil M. Lingens, décida de publier les informations concernant le passé nazi de M. Peter, et les complaisances du Chancelier à son égard. La sanction ne se fit pas attendre. Il fut attaqué pour diffamation, et condamné par la justice autrichienne à de lourdes amendes. Ayant épuisé tous ses recours juridictionnels, M. Lingens porta l’affaire devant le CEDH qui à la stupéfaction des chroniqueurs, jugea le 24 juin 1986, contraire à l’article 10 de la convention (liberté d’expression), la décision autrichienne.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la Cour européenne eut à connaître d’autres affaires semblables en tout point à la précédente : Le 29 mars 1983, par exemple, pendant la campagne pour les élections parlementaires, une émission de télévision relata certaines déclarations de M. Walter Grabher-Meyer, alors secrétaire général du Parti libéral d’Autriche (FPÖ) et, fait notable, membre de la coalition au pouvoir : il avait suggéré de relever de 50 % les allocations familiales des femmes autrichiennes, et de diminuer de moitié celles versées aux mères immigrées. M. Oberschlick rédacteur en chef de la revue autrichienne Forum, compara alors dans ses colonnes cette proposition du FPÖ au manifeste du NSDAP du 24 février 1920, notamment son article 7 : “ Nous exigeons que l’État s’engage à veiller par priorité aux possibilités d’emploi et aux moyens de subsistance de ses ressortissants ». Encore une fois, les instances judiciaires autrichiennes constataient l’existence d’une diffamation à l’encontre du dirigeant FPÖ. Encore une fois la CEDH rectifiait le tire par son arrêt du 23 mai 1991. Leçon retenue ?

Certainement pas. Le 7 octobre 1990, Jorg Haïder, président du parti libéral autrichien (FPÖ) depuis 1986 et chef du gouvernement du Land de Carinthie, prononça au mont Ulrich à l’occasion d’une « célébration de la paix », un discours à la gloire de la « génération de soldats » qui avaient participé à la seconde guerre mondiale. Il y exprimait l’idée que tous les soldats, y compris ceux de l’armée allemande, avaient combattu pour la paix et la liberté. Un journaliste tenta alors de rapporter ces faits en soulignant le caractère apologétique du discours. M. Haïder porta plainte devant les juridictions de son pays, qui condamnèrent, sans grande surprise, l’impétrant. La CEDH, sept année plus tard, sanctionnera de nouveau une Autriche qui, condamnations après condamnations, semble doucement prendre la mesure de l’image détestable qu’elle donne à la communauté européenne et internationale.

Aujourd’hui, seule la Cour semble avoir les moyens de lutter contre la dérive réactionnaire de l’Autriche. Cette institution gagnerait a être reconnue et ses combats méritent d’être salués. D’ailleurs, si sa condamnation pour diffamation envers Jean-Marie Le Pen est maintenue, Mathieu Lindon peut être certain de trouver chez elle un allié fiable. Après un Oberschlick contre Autriche à quand un Lindon contre France ?

Tristan Mendès France
12nov99

Pétain, Le Monde et la Cour européenne des droits de l'homme.

Le 14 Jan, 1999, 12:40 PM

Le 23 septembre dernier, la Cour européenne des droits de l’homme rendait un arrêt particulièrement inquiétant qui jusqu’à ce jour n’a entraîné de réactions officielles ni des autorités publiques, ni des milieux associatifs citoyens.L’affaire remonte au 13 juillet 1984. Dans un encart publicitaire portant le titre « Français vous avez la mémoire courte », le quotidien Le Monde publiait une pleine page dont l’objectif affiché était la réhabilitation du Maréchal Pétain. Marie-François Lehideux, ministre du maréchal de septembre 1940 à avril 1942 et Jacques Isorni, ancien avocat du barreau de Paris, défenseur de Pétain devant la Haute Cour de justice (tous deux aujourd’hui décédés), étaient à l’origine de cette initiative. Le rôle du maréchal durant la seconde guerre mondiale y était présenté comme « salutaire ». Et comme Maurice Papon il y a peu, le Maréchal y était comparé à Dreyfus, une manière de se dédouaner par avance de toute espèce d’antisémitisme et de s’associer, comme de coutume, à ce symbole républicain de l’erreur judiciaire. La sempiternelle théorie dite du « bouclier », dont il fut prouvé maintes fois qu’elle était sans fondement, était reprise pour tenter de justifier la politique du maréchal Pétain. Le Monde publia cette pleine page sans autre commentaire, avalisant, indirectement, cette apologie de Vichy.

Deux associations (l’Association nationale des Anciens Combattants de la Résistance et le Comité d’Action de la Résistance), furent les seules à s’alarmer d’une telle publication au sein du plus prestigieux quotidien français, et décidèrent de porter l’affaire devant les tribunaux. Après un parcours judiciaire long et tortueux, la Cour d’appel de Paris condamna en dernier ressort, le journal et les deux anciens collaborateurs de la politique de Vichy pour « apologie des crimes ou délits de collaboration avec l’ennemi », par un arrêt daté du 26 janvier 1990. Les associations représentant messieurs Isorni et Lehideux, après avoir épuisé tous les recours internes du Droit français, saisirent la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Contre toute attente, la Cour de Strasbourg, dans un arrêt du 23 septembre 1998, a estimé « disproportionnée, et dès lors non-nécessaire dans une société démocratique la condamnation pénale subie par les requérants » (en l’espèce un franc de dommages et intérêts ainsi que la publication du jugement dans Le Monde). Autre argument invoqué : le fait qu’ « il ne convient pas, quarante ans après, d’appliquer la même sévérité à l’évocation d’événements que dix ou vingt ans auparavant ». La Cour Européenne des Droits de l’Homme, dans son rendu, souligne également que la collaboration du maréchal Pétain avec l’occupant nazi « relève d’un débat toujours en cours entre historiens sur le déroulement et l’interprétation des événements dont il s’agit. A ce titre, elle échappe à la catégorie des faits historiques clairement établis », même si Pétain fut condamné à mort et à l’indignité nationale par arrêt de la Haute Cour de Justice du 15 aout 1945 du chef d’intelligence avec l’ennemi. Une décision qui va à l’encontre de la juridiction française en ce domaine et qui jette la suspicion sur les condamnations de Maurice Papon ou Roger Garaudy. C’est donc pour ces différents motifs que la Cour vient de condamner la France a verser aux requérants une somme de 100 000 francs de frais et dépens, pour violation de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ; article qui prétend garantir la liberté d’expression.

Que s’est-il passé depuis lors ? Rien ou presque. On peut comprendre qu’on ait cherché à ne pas trop ébruiter l’arrêt (par ailleurs disponible in extenso sur le site Internet de la Cour de Strasbourg : www.dhcour.coe.fr/fr/LEHIDEUX%20FR.html) afin d’éviter toute récupération politicienne ou idéologique, soit par les anti-européens (Amsterdam oblige), soit par les négationnistes et autres nostalgiques de l’Etat Français (trop heureux de voir une instance soutenir l’un des leurs). Mais se taire sur un tel sujet n’atténue en rien le trouble provoqué à l’issu de la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme et n’empêche en rien la satisfaction des milieux d’extrême droite pour qui l’affaire fait jurisprudence. Il ne fait dès lors aucun doute qu’à terme, d’autres associations (cultivant la mémoire qui de Laval, qui de Darquier de Pellepoix), sous couvert de liberté d’expression, tenteront de contourner un appareil juridique français contraignant (lois Pleven, Fabius, Gayssot) en saisissant la Cour Européenne de Strasbourg, ouvrant toute grande la porte du négationnisme au mépris de toute éthique historique.

Tristan Mendès France
Michaël Prazan
14-1-99