Comment vit-on dans l’une des dictatures les plus répressives du monde ? C’est ce qu’a voulu savoir le réalisateur et blogueur Tristan Mendès France (petit-fils de l’ancien président du Conseil) en s’aventurant en Birmanie avec son ami Gaël Bordier. Pour sillonner le pays du général Than Shwe, réputé fermé à la presse, les deux hommes, caméra au poing et chaussés de tongs, se sont fait passer pour des touristes. Objectif : montrer le quotidien des Birmans. Tristan Mendès France explique sur son blog avoir voulu se « confronter à l’absurdité d’un régime tout droit sorti de l’imaginaire de Kafka et d’Orwell ».
Ce road-movie documentaire, qui va prochainement être décliné sur le Web, est avant tout satirique. Il ne faut y voir ni une histoire de la dictature birmane ni même une illustration de la brutalité de la répression – les réalisateurs n’ont pas cherché à rencontrer des opposants au régime. Il ne s’agit pas non plus d’une invitation au tourisme. Dans ce film enrichi d’images d’animation, ce sont les absurdités du régime qui sont systématiquement pointées, avec une fausse naïveté, et qui nichent dans des détails : sous prétexte qu’ils sont légèrement froissés ou tachés, on ne peut pas changer ses dollars ; alors que le pays est le deuxième producteur d’opium et vit de ce juteux marché, un immense musée – désert – est dédié à la lutte contre le trafic de drogue ; les voitures qui roulent à droite ont aussi un volant à droite, ce qui entraîne de nombreux accidents.
Ce sentiment d’absurdité est à son comble au vu de la nouvelle capitale Naypyidaw, la « cité des rois », perdue au milieu de la jungle et créée de toutes pièces par le régime en 2005. Du jour au lendemain, Rangoon a cédé la place à une ville démesurée située à 300 kilomètres de l’ancienne capitale. Majestueux édifices, ronds-points monumentaux, autoroutes gigantesques et répliques des temples birmans les plus sacrés constituent la vitrine d’une Birmanie factice. Interdite aux touristes et au petit peuple, Naypyidaw ne ressemble à aucune autre ville birmane. Excepté les soldats armés jusqu’aux dents et quelques rares hommes d’affaires, les larges artères y sont désertes. Tout comme les immenses centres commerciaux, le zoo, les hôtels et les terrains de golf au gazon bien tondu. Luxe suprême en Birmanie, l’électricité est ici disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le reste du pays vit toujours, lui, comme au Moyen Age.
Ceux qui me suivent depuis longtemps, m’ont entendu en parler maintes fois. Cette fois-ci, c’est la bonne. 🙂
Vendredi 8 avril donc, Planète diffusera cet ovni que Gael Bordier et moi-même, avons ramené de Birmanie.
Un documentaire satirique, décalé, improbable dans une dictature opaque, orwelienne et ubuesque.
Happy World – Bande annonce par happy-world_tv
Le film de 52 minutes sera visible sur la chaine Planète (présente sur le bouquet canalsat) ce 8 avril, mais ce n’est qu’un début.
Car la diffusion n’est que le top-départ d’un projet en ligne encore plus ambitieux (propulsé par Cinquième Étage production et Upian).
Plus d’information sur http://happy-world.tv
La suite très vite. 😉