« Mais attention, tempère Tristan Mendès-France, il ne faut pas surestimer le rôle des réseaux sociaux. Dans les pays concernés, les connexions à Internet ne sont pas toujours bonnes et ces sites ne sont pas forcément accessibles. C’est là qu’interviennent les médias internationaux, les chaînes satellitaires comme surtout Al Jazira, la chaîne qatari très regardée dans le monde arabe. Il se passe un jeu subtil. Quelqu’un filme par exemple la répression d’une manifestation et arrive à diffuser la vidéo sur Internet. Celle-ci est relayée à l’intérieur du pays auprès de ceux, peu nombreux, qui sont connectés à Facebook et Twitter puis filtre à l’étranger via la diaspora ou les militants en ligne qui la font « buzzer ». Cela pourrait s’arrêter là. Mais lorsque la vidéo est reprise par Al Jazira, elle acquiert alors une résonance mondiale. Et surtout, elle est vue par beaucoup plus de monde dans le pays concerné via les nombreuses paraboles.Cela motive les gens à manifester et ainsi de suite. La contestation se nourrit de ces allers-retours incessants. Et au bout d’un moment, ça explose. »
Billet datant du 22/02/2011.