Alors qu’on s’extasie devant l’intelligence du chimpanzé Santino (qui a des capacités de préméditation), m’est revenue de je ne sais où, cette vieille histoire (refoulée ?).
Je devais avoir une dizaine d’années, et j’allais régulièrement voir mes grands parents anglais dans la petite ville provinciale de Scarborough. Je me souviens qu’il y avait un très modeste parc d’attraction dont les stars de l’époque étaient deux chimpanzés : Max et Jaffa.
Voilà la scène.
Il y avait comme de l’animation devant la cage des deux singes. Une petite foule commençait à se former devant le grillage au maillage serré (c’est important) qui sépare le public des stars simiesques. Les deux animaux semblaient entamer une sorte de dance, se balançant de gauche à droite, les bras ballants.
« Isn’t That Cute ?« .
Comme tout le monde, je me suis approché, intrigué. Plus ils « dansaient » plus la foule grossissait. On entendait même des applaudissements. Ça a bien duré 15 minutes. Les singes grimaçaient et balançaient leurs bras avec de plus en plus de frénésie (à se demander si ce n’est pas eux qui ont inventé la Tecktonik).
Jusqu’à ce que… nous découvrions – trop tard – que les deux chimpanzés avaient en fait déféqué dans leur main, et qu’ils étaient en train de nous projeter leurs excréments à la figure, en profitant judicieusement du fameux grillage pour mieux « diffuser » leur popo.
On a tous été souillés. Je ne vous raconte pas les familles du premier rang… Je me souviens d’une fillette qui pleurnichait. On est tous évidemment partis furax (ce qui était, à l’évidence, l’objectif recherché). En attendant que d’autres visiteurs se fassent à leur tour, emmerder.
Alors qu’on ne vienne pas m’expliquer aujourd’hui que les singes peuvent planifier leurs actes, j’le sais !
J’ajouterais que leur intelligence m’est apparue, pas tant dans leur complot fécal, que dans le message assez limpide qu’ils cherchaient à nous délivrer (et que nous avons tous très bien compris). Un message, somme toute, universel : « je t’aime pas, je te jette mon caca ». Oui, c’est assez primaire, mais ça reste un langage inter-espèce très efficace.
Ce jour-là, pour la première fois de ma vie, j’avais communiqué avec des singes. Et je peux vous dire maintenant que c’est beaucoup moins glam que « Gorilles dans la brume« .
Moralité : euh… je vous laisse voir.
Bon et puisqu’il faut illustrer ce billet et que je n’ai pas de photos de la scène, je vous colle celle-ci prise en 1999 en Indonésie (ils ont l’air plus sympa hors cage).
Bonus : la superbe intervention de Susan Savage-Rumbaugh sur les bonobos aux conférences TED [eng].