Alfredo Astiz est un personnage que je suis depuis plusieurs années. Cet ancien officier qu’on surnomme aussi « Gueule d’ange » est l’un des symboles des horreurs commises durant la dictature argentine entre 76 et 83.
Il était l’un des responsables du tristement célèbre centre de torture, l’ESMA, à Buenos Aires où plus de 5000 personnes furent suppliciées et notamment des ressortissantes françaises : les religieuses Alice Domon et Léonie Duquet, ainsi que la fondatrice des Mères de la place de mai, Azucena Villaflor.
La France a demandé son extradition à plusieurs reprises, sans succès. L’Espagne aussi. Reste que la justice argentine n’a jamais véritablement jugé ces tortionnaires. Les procédures contre Astiz et d’autres accusés de crime contre l’humanité ont trainé tellement longtemps que la haute cour d’Argentine a décidé de relâcher tout ce petit monde sous caution, en attendant que la justice passe.
Voici un extrait de ma réaction sur RFI ce matin :
J’imagine combien cette décision peut heurter certains Argentins. Notamment les Hijos, ces enfants d’opposants politiques enlevés à leurs parents par la junte et adoptés de force par les militaires… Ou bien sûr les familles des victimes, qui je le rappelle s’élèvent à plus de 30 000 individus.
En 2003, j’écrivais un bouquin titré « Gueule d’ange – Nationalité : argentin, Activité : tortionnaire, Statut : libre ». À l’époque, je pensais que le titre de mon ouvrage ne serait très vite plus d’actualité. Je me trompais…
Je vous mets en complément un petit montage que j’avais fait sur le sujet :