Mitterrand, c’est pas Mendès…
Date de Création: 11 Jan, 2006, 11:40 AM
A l’heure où l’on célèbre François Mitterrand dix ans après sa disparition, je lis ça et là dans les propos tenus par certains dirigeants de gauche, des allusions à un Pierre Mendès France (PMF) dont on revendique en même temps la filiation ou l’héritage. Je dois avouer être un peu mal à l’aise lorsque l’on associe mon grand-père à Mitterrand. Il va de soi que les deux hommes ont des points communs, mais il existe aussi beaucoup de divergences, ne serait-ce qu’en terme de destin ou d’ambitions. À chacun son histoire et ses choix. Si François Mitterrand fut sans aucun doute possible un grand homme d’État, il porte aussi en lui sa part d’ombre : résistant, Mitterrand n’en a pas moins eu après guerre une vision très personnelle du passé en rendant hommage au Maréchal Pétain. L’épisode du faux attentat de l’Observatoire en aurait disqualifié plus d’un. Quant aux écoutes téléphoniques, je pensais sincèrement que l’image de François Mitterrand en serait écornée et que les hommages seraient plus nuancés. Mais peut-être ai-je une vision naïve de l’éthique et de la morale en politique.Célébrer la mémoire d’un homme politique, c’est exprimer un vœu pour demain ; se dire que son exemple nous serait utile aujourd’hui. Or, Pierre Mendès France et François Mitterrand ne montraient pas la même voie, obligeant au grand écart ceux qui voudraient aujourd’hui suivre les deux chemins à la fois. Alors je m’interroge : pourquoi se revendique-t-on si souvent et dans un même temps, des deux hommes ? (Je pense ici par exemple à Jack Lang ou à Jean-Pierre Chevènement). Ce parallèle est d’autant plus étrange qu’au sein de la mitterrandie « canal historique », il y a de virulents détracteurs de Mendès France que je ne citerai pas. Si ce n’est Mitterrand lui-même, et ce n’est un secret pour personne, que mon grand père exaspérait…
L’association improbable des deux hommes de gauche et la revendication de ce double héritage est peut-être pour certains une manière de s’offrir une sorte de « synthèse idéologique » dans laquelle, je dois le reconnaître, je ne me retrouve pas.Le meilleur moyen, à mes yeux, de juger un homme politique, c’est de le juger sur ce qu’il a fait de pire, et pas sur ce qu’il a fait de meilleur. Des deux hommes, je vous laisse deviner celui qui, selon moi, passe le test…
PMF n’est pas Mitterrand, et je ne suis pas Mazarine.