Exigons l’extradition du tortionnaire argentin Astiz ! |
Date de Création: 26 Jul, 2003, 01:39 PM |
Le président argentin Kirchner, nouvellement élu après la scandaleuse défection du populiste Menem, laisse augurer un changement de politique judiciaire comme l’on n’en avait jamais vu en Argentine depuis les affres de la dictature de 1976. Car, il faut bien le dire, depuis l’adoption des lois d’amnistie données en cadeau aux pires tortionnaires de l’armée en 1986-87 par Menem, la situation était bloquée. Sont restés en poste la plupart des criminels militaires de l’ancien régime et impunis les pires crimes de la dictature.Mais le vent semble tourner. Le président Kirchner a dans un premier temps annulé un décret qui empêchait toutes extraditions, et annonce sa volonté d’abroger les lois d’amnistie. Le signal fut donné par le célèbre juge espagnol Baltazar Garzon, qui obtint le 30 juin dernier, après des années de procédures, l’extradition en Espagne d’un bourreau argentin, Ricardo Cavallo, en fuite au Mexique. Le gouvernement argentin ne s’est pas opposé à l’extradition et c’est une première. D’autant que les chefs d’inculpation reposaient sur une accusation de génocide. Ne pas s’opposer à cette qualification, c’était reconnaître le caractère génocidaire du régime de la junte. Une étape supplémentaire reste cependant à franchir et c’est pour bientôt. L’extradition d’un des complices de Cavallo, Alfredo Astiz, dit « Gueule d’ange » ou « l’ange exterminateur ». Ce dernier vient d’être arrêter le 25 juin… Depuis la dictature, jamais le gouvernement argentin n’a accepté de juger cet homme, qui pourtant, a tout avoué à la presse argentine – fier de ses actes et prêt à recommencer. Astiz fut condamnée pour certaines de ces atrocités, en France notamment en 1990 suite à l’assassinat de deux religieuses françaises. Mais la justice a du trancher en son absence, Astiz n’ayant même pas pris la peine de se faire représenter par un avocat à Paris. Il a été condamné à vie par contumace et la France attend toujours son extradition. Eh bien il est temps pour le ministère des affaires étrangères français de profiter de cette fenêtre diplomatique pour, à l’instar de l’Espagne, demander de l’Argentine, qu’enfin elle livre le tortionnaire Astiz à la justice française. Son cas est un symbole fort et dangereux. Fort parce qu’il représente à lui seul un corps d’armée particulièrement sanguinaire durant la dictature : la Marine ; dangereux pour les mêmes raisons, la Marine acceptera mal (comme elle l’a déjà dit en 2002) qu’on touche à Astiz. Toucher à lui, s’est s’attaquer à tout l’édifice militaire. Reste que tous les indicateurs sont aux verts. Tout indique que l’Argentine est prête à accueillir favorablement cette demande. Une perspective grisante qui ouvre la voie à une véritable révolution judiciaire dans le cône sud-américains. Il est aujourd’hui impératif que la communauté internationale soutienne le nouveau gouvernement argentin dans sa volonté de faire face aux démons du passé pour qu’enfin l’Argentine puisse aller de l’avant.Tristan Mendès France |