Twitter me répond sur ses usagers décédés

J’avoue que je n’y croyais pas vraiment. Comme quoi. J’avais évoqué dans ce précédent billet, une question (qui décidément m’obsède) du devenir de nos traces numériques après notre mort. Notamment sur Twitter.
J’ai donc contacté la boite de San-Francicso en leur posant clairement le problème.

Tristan Mendès France, Apr 07 08:10 am:
Hi, I […] wish to know what is your policy concerning what your firm does if a twitter user dies. Do you give access to the family, what is your procedure if you have one ? […] Thanx, From Paris, Tristan Mendès France (sorry for my weird english)

caroline, Apr 13 04:07 pm:
Hi Tristan,
[…]
In the case of a death of a user. We will need to verify the users email address, name, user name as well as a copy of their death certificate.
Thanks, Twitter Support

Tristan Mendès France, Apr 13 04:37 pm:
Hi Caroline, Thank you for your answers. I didnt see the part on the death of a user in your tos [term of use]. Did I miss it ? On last question : Have you faced this situation many times ? Cheers, Tristan

caroline, Apr 13 05:18 pm:
Hi Tristan,
You’re the first person to ask. This is how we would handle the situation although it is not outlined in our Terms of Service.
Cheers, Caroline

Bilan, en cas de décès d’un utilisateur de Twitter, il faudra fournir de quoi identifier l’adresse email de l’utilisateur défunt, son nom, son nom d’utilisateur avec une copie du certificat de décès.
Pas très pratique tout ça, mais bon c’est déjà un début.

La réponse de Caroline est la position officielle de Twitter sur la question même si elle n’est pas présente dans les Conditions d’utilisation du site. Ben oui apparemment personne ne leur avait encore posé la question…

Idéalement j’aimerais que toutes ces plateformes sociales intègrent explicitement une ligne sur ce que deviennent nos contenus en ligne lorsque nous disparaissons.

Faudrait que je cuisine facebook et les autres…

#RIP : pratiques mortuaires sur Twitter

Je poursuis mon exploration du microbloguing et des rituels mortuaires. Une déclinaison sur Twitter des questions que je me posais déjà de façon générale dans cette chronique sur Place de la Toile.
Aujourd’hui je découvre #RIP. Un mot clé (trad. Rest In Peace) que les usagers de Twitter ajoutent à leurs messages lorsqu’ils veulent signaler la disparition de quelqu’un.

Avant de rentrer dans le détail, j’aimerais encore insister sur le fait que les pratiques liées à la mort, et les rituels qui en découlent, disent beaucoup d’une société. Sonder ces pratiques, c’est interroger les fondements de notre vivre ensemble.

Dis-moi comment tu parles de tes morts, je te dirai qui tu es.

Dans le cas qui m’intéresse aujourd’hui, #RIP, il faut encore garder à l’esprit que personne n’est véritablement à l’origine de cet usage sur Twitter. Comme on ne sait pas qui est le premier homme à avoir enterré un mort. #RIP est apparu lorsqu’une masse critique d’individus s’en est emparée. C’est un phénomène issu des foules et diffusé par elles. En bon méméticien, on devrait dire que ce mème mortuaire s’est répandu dans nos cerveaux, à travers Twitter. Tout comme la pratique de l’enterrement s’est généralisé par mimétisme IRL.

Maintenant, qu’est-ce qui amène ces gens à tweeter le décès de quelqu’un. On imagine, et ça semble être le cas en général, que ceux qui passent cette info, sont proches de la victime ou lui portent une affection particulière.
Mais est-ce un moyen d’informer les autres de la disparition de quelqu’un ou une manière de lui rendre hommage ?

Personnellement, je penche pour la 2e option. Même si un éloge funèbre de 140 signes, c’est un peu pingre… Les cimetières virtuels ou les lieux dédiés au recueillement autour de la mémoire d’un disparu existent déjà en nombres sur le net. Ce qui se passe avec le #RIP de Twitter m’apparait en être une déclinaison.

Ces pratiques étranges, voire dérangeantes, je les vois comme des ballons d’essai. Des expériences qui viennent sonder les possibles. En les observant de près, pour certaines d’entre elles, on devine un peu de quoi demain sera fait.

Pour en revenir à du concret, vous vous tweeteriez le décès d’un proche ? Vous changeriez votre status Facebook pour communiquer l’info ?
Ça semble provocateur comme question. Mais tout bien réfléchi, est-ce si différent que d’envoyer un email groupé ?


Bonne Pâques ! 😉

NB : apparemment certains appliquent #RIP aussi à leur chien

Que deviennent nos tweets après notre décès ?

Ce qui me suivent, savent que ce genre de sujet m’intéresse. J’avais déjà évoqué cette problématique dans ma chronique Cimetière 2.0 dans Place de la Toile sur France Culture, en novembre dernier.
Je me suis tout naturellement posé les mêmes questions pour Twitter :

• Que deviennent les messages envoyés par un utilisateur qui n’est plus de ce monde ?
• Est-ce que la boite américaine donne les identifiants du compte à la famille ?
• Combien de temps conserve-t-elle les données en ligne ?
• Qui peut se charger de la gestion d’un compte post-mortem ?*

Personne ne semble savoir, j’ai bien lu les conditions d’utilisation du site, mais rien.
Contrairement à Facebook, qui répond au cas par cas depuis l’affaire William Bemister, le problème ne s’est pas encore posé pour Twitter.

J’ai tenté de contacter l’entreprise à San Francisco, sans réponse à l’heure où j’écris ce billet. C’est dommage parce que la boite aurait tout à gagner à se poser la question avant que le problème ne survienne…

Et vous vous voudriez qu’on en fasse quoi de vos Tweets après votre décès ?
[Personnellement, je souhaiterais pouvoir désigner un tiers de confiance pour gérer la suite.]

* J’ai par exemple créer un compte Twitter pour PMF. Mais si quelqu’un avait squatté cette adresse, quels droits j’aurais pu invoquer pour le récupérer ?

Un Tweet oblige Pepsi à s'excuser

Du micro au macro. Voilà ce que je retiens de cette affaire. Tout a commencé avec une pub de Pepsico que voici [trouvée via ce tweet]:

Une utilisatrice de Twitter, Chritine Lu, s’est fendue d’un tweet très critique à l’encontre de la firme et de la pub, au motif que sa soeur s’était suicidée et que cette icono la heurtait. Le résultat ne s’est pas fait attendre, le responsable de la communication de Pepsico s’est excusé en lui assurant que la pub serait retirée.

Je me demande si ce n’est pas la première fois qu’une multinationale plie devant un individu (une consommatrice ?) par l’entremise de Twitter.
Si je comprends parfaitement la réaction de la demoiselle, je me demande malgré tout jusqu’où ces cas d’auto-censures peuvent aller. Ne risque-t-on pas de tomber dans un discours aseptisé si tous les émetteurs commencent à craindre d’être interpellés publiquement sur le support web 2 ?
Va-t-on voir émerger un twittement correct ?

L'aide au suicide condamné

Florence, qui souffrait de tendances suicidaires, avait demandé au jeune homme un moyen efficace et sans douleur pour passer à l’acte. Joël lui avait conseillé la morphine et durant une correspondance de plusieurs semaines l’avait guidé pas à pas dans sa démarche funeste. [source]

Le jeune homme a pris 4 ans dont une année ferme et j’avoue être mal à l’aise.
D’abord parce que si on me demandait conseil, j’aurais du mal à ne pas répondre. Ensuite, parce que si j’envisageais mon suicide, j’aimerais que quelqu’un m’explique la façon la moins douloureuse d’y parvenir. Je comprends bien que dans ce drame, la mineure souffrait de tendances suicidaires et que le garçon l’a peut-être incité à franchir le cap. J’espère simplement qu’on ne condamne pas toute aide au suicide.

Je n’aime pas l’idée du « chacun pour soi » et démerdez-vous, dès qu’on parle de fin de vie.