Les dérives négationnistes du Hezbollah.

Les dérives négationnistes du Hezbollah. Date de Création: 10 Mar, 2000, 12:39 PM

Le Hezbollah pro-iranien n’est désormais plus considéré comme un groupe terroriste. Dont acte. Pourtant, ces dernières années, au moment de sa reconversion et de l’obtention d’une fébrile légitimité, le Hezbollah a contribué à planter une bien mauvaise graine dans le sol pétri de haines du Moyen Orient. Une graine, c’est le négationnisme, qui gangrène les principales capitales de la région. La violence infligée n’est plus un terrorisme physique mais moral, verbal et pourtant indépassable, peut-être plus destructeur encore que la lutte armée. Cette graine a commencé son œuvre il y a quelques années, importée de France par Roger Garaudy qui, on s’en souvient, était triomphalement accueilli en Egypte à la suite de sa condamnation par la XVIIe chambre correctionnelle de Paris, au mois de février 1998. Le livre de l’ancien philosophe communiste converti à l’Islam, « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne », soutenait la thèse selon laquelle Israël aurait fabriqué le mythe de la Shoah dans le but d’acquérir une légitimité sur la terre de Palestine.

Le 31 janvier dernier, Mohamed Kheir al-Wadi, éditorialiste au quotidien gouvernemental syrien Tishreen, écrivait : « Le Sionisme a créé le mythe de l’Holocauste pour terroriser le monde intellectuel et politique […] Je pense qu’Israël et les organisations sionistes ont deux objectifs. Le premier est de recevoir plus d’argent de l’Allemagne et des pays occidentaux en compensation du prétendu Holocauste. Le second objectif est de s’appuyer sur le mythe de l’Holocauste pour accuser d’antisémitisme tout opposant au Sionisme et à sa politique expansionniste ». Cette déclaration est loin d’être marginale.

Des dizaines de déclarations similaires ont fleuri ces dernières semaines sur les médias officiels Syriens, Libanais, des Emirats ou du Qatar. Autant de pays visités il y a deux ans par Garaudy. Le site Internet qui soutient officiellement l’ancien philosophe, « Radio Islam », créé par l’opposant marocain Ahmed Rami, est l’un des plus vastes sites négationnistes du Web, hébergeant aussi bien la « Revue d’Histoire Révisionniste » de Robert Faurisson que le site du Hezbollah (www.hesbollah.org). Ahmed Rami est par ailleurs un ami du Hezbollah et des principaux dirigeants iraniens chez qui il était accueilli en grande pompe à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Cet engrenage, loin de favoriser un rapprochement israélo-arabe, tels que le laissaient envisager les accords d’Oslo , attise au contraire les haines et rend tout dialogue laborieux. Hosni Moubarak, en visite au Liban il y a deux semaines, prenait verbalement position en faveur du Hezbollah. Et c’est en Egypte que les thèses négationnistes de Garaudy se sont le plus rapidement développées. La conversion « résistante » du Hezbollah a également permis d’élaborer une rhétorique de victimisation qui identifie l’Etat d’Israël et ses dirigeants au régime nazi. Ainsi, le 28 février dernier, la télévision d’Etat libanaise déclarait qu’Israël partageait avec le nazisme « un même racisme, une même criminalité et, globalement, la même histoire ». Quelques jours plus tôt, le 22 février, dans un même ordre d’idée, on pouvait lire dans le quotidien gouvernemental syrien Al Thawra, sous la plume de l’éditorialiste Muhammed Ali Bouzha : « Israël se révèle une entité pleine de haine et de racisme, qui sponsorise le terrorisme, surpassant même les Nazis et leurs actes criminels par ses meurtres, destructions, dévastations et son dédain à l’égard de l’humanité ».
A l’heure où notre Premier Ministre subie encore les foudres politiciennes de certains arrivistes pour avoir dit une vérité toute simple, proposons à ces détracteurs d’aller sur le site du Hezbollah pour voir ce qui s’y dit réellement, qu’ils visitent le site en regardant attentivement les séquences vidéos dites « d’actions résistantes » où les attentats ont été filmés en direct.

Tristan Mendès France
Michael Prazan
10/3/00