Les dessins de la colère : Nous sommes tous des Salman Rushdie !

J’ai rapidement fait ce petit logo « Nous sommes tous des Salman Rushdie » pour manifester contre ce nouvel obscurantisme dont nous sommes victimes. N’hésitez pas à le reprendre. (*)
all salman rushdie >ici

Cette histoire est tout bonnement hallucinante. En septembre dernier le quotidien danois Jyllands-Posten publie quelques caricatures de Mahomet, et c’est l’embrasement de l’univers islamiste radical. L’Égypte et l’Arabie Saoudite ont été les premières à réagir. L’Arabie Saoudite a rappelé son ambassadeur, suivie par la Libye. Les trois pays, ainsi que le Koweït et l’Irak, ont appelé au boycott des produits danois et norvégiens.
Ont suivi le Soudan, la Syrie, la Jordanie, La Ligue arabe, la Mauritanie ou le Maroc

Et ce n’est évidemment que le début. Car la publication blasphématoire n’était pas encore reproduite à travers l’Europe… notamment en France dans France Soir, qui a vu son directeur de la publication Jacques Lefranc (avec lequel je me solidarise) viré par le propriétaire franco-égyptien du journal, Raymond Lakah.
Une quasi fatwa, plagiat de celle qui pèse encore sur la tête de l’écrivain anglais Salman Rushdie prend forme. De l’Asie à l’Afrique en passant par le Proche-Orient les manifestations se multiplient, même en Indonésie… On en est là.

Il faut tenter d’évacuer de cette polémique la question de la provocation initiale que serait la publication blasphématoire dans le journal danois des caricatures de Mahomet. Que les choses soient claires : il n’est pas bien de rire des religions. Mais à l’évidence nous sommes en démocratie. Un état de droit qui repose sur des lois votées par nos représentants. Et nous avons clairement exprimé depuis plus d’un siècle maintenant, que la liberté d’expression est plus forte, que le blasphème.

On peut se noyer dans le microscopique de l’affaire et ne voir que la réaction offensée de certains musulmans. Beaucoup autour de moi s’insurgent contre cette provocation gratuite. Mais comme je viens de le dire si la provocation n’est pas une bonne chose, la liberté d’expression passe avant toute autre considération. Le désagrément de la provocation, fut-elle stupide ou gratuite, n’en reste pas moins dans l’espace de liberté qu’est le nôtre.

Mouloud Aounit est malheureusement un exemple de ce trouble de la focale dont je parle. De bonne foi, il ne voit pas l’essentiel de ce qui se joue ici. À vouloir être juste en condamnant la provocation dessinée, il oublie l’essentiel : la charge obscurantiste inédite à laquelle nous assistons. L’enjeu de la question morale se situe là et nulle part ailleurs…

D’un coté quelques images dessinées, de l’autre des menaces de morts ou d’attentats… À l’étranger ou même en France (2 fév.)… Bref, il est évident que notre attention doit être entièrement tournée sur la Réaction avec un grand « R » que lancent les réactionnaires islamistes pour qui l’Europe est en passe d’incarner un nouveau Salman Rushdie.

Ce qui va se jouer dans les jours qui viennent me semble énorme. La confrontation, inévitable à mes yeux, va se traduire dans un séisme idéologique en France et dans toute l’Europe. Nous allons assister à une recomposition politique et idéologique entre ceux qui s’identifient aux offensés, et ceux qui défendent la liberté d’expression. Tout le monde ne sera pas là où on l’attend… Je pense notamment à Bill Clinton qui condamne le journal danois…

Eat danish !Certains blogueurs égyptiens éclairés qui lancent un boycott anti-boycott, expliquent qu’il est évident que le boycott danois ne tiendra pas, s’il doit s’étendre à toute l’Europe. Seulement les dirigeants, notamment de l’Arabie Saoudite, sont allés trop loin trop vite en collant au discours radical d’une frange de leur population. Un retour en arrière leur attirerait les foudres de leurs propres camps… La situation me semble dès lors encore plus explosive.

Alors, revenons à Voltaire qui nous disait déjà :

« Le droit de dire et d’imprimer ce que nous pensons est le droit de tout homme libre, dont on ne saurait le priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse. « 

Dessine moi un prophète.

J’ai donc décidé de vous dessiner un petitmomo le relax Mahomet. Que vous pouvez également tous reprendre pour entrer en résistance… 😉 Personne ne doit nous enlever ce droit fondamental, garantie d’une société réellement libre, qu’est celui de s’exprimer. Je ne veux offenser personne ici, mais revendiquer mon droit à la caricature même si je suis un piètre dessinateur… 😉

(*) La condamnation à mort par Khomeiny de Salman Rushdie date du 14 février 1989. Un manifeste avait été lancé à l’époque : « Au nom de l’islam (…), nous sommes tous des Salman Rushdie », et fut signé par des penseurs musulmans exilés en France, comme l’Algérien Mohamed Harbi, mais aussi l’Iranien Nasser Pakdaman, le Syrien Haytham Manna, le Turc Shunsuddin Guzel, l’Egyptien Lotfallah Soliman. Source : «Les Versets Sataniques. Les intellectuels se mobilisent en France et à l’étranger », Le Monde, 24/2/1989.

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