Alexis Carrel n'est-il qu'un porc cloné ?

Alexis Carrel n’est-il qu’un porc cloné ?
Date de Création: 26 Apr, 2000, 12:37 PM
La référence n’était pas évidente, elle n’a d’ailleurs pas été relevée. Pourtant toute la presse internationale en a fait sa Une. La nouvelle était, il est vrai, de taille : le 15 mars dernier, l’équipe scientifique du PPL Therapeutics, société écossaise qui avait déjà réussi le tour de force de faire naître en février 1997 la première agnelle clonée – Dolly -, annonçait à grand renfort médiatique, la naissance de cinq cochons clonés, étape essentielle au développement de la xénogreffe (transplantations d’organes d’animaux sur des humains). Où est le problème me direz-vous? Jugez plutôt : voici les noms des cinq nouveau-nés : Millie, Christa, Dotcom, Alexis et Carrel. Pris individuellement, rien à signaler. En revanche la combinaison des deux derniers noms ne fait aucun doute possible, il y a là une référence directe au docteur Alexis Carrel.Mais qui est donc cet Alexis Carrel pour avoir les honneurs d’une telle équipe de scientifiques internationaux ? Prix Nobel de médecine en 1912, le chirurgien et physiologiste Alexis Carrel a été le principal relais idéologique des thèses éliminationnistes de l’hygiénisme allemand et de l’eugénisme stérilisateur américain. Dans son ouvrage publié en 1935, L’homme cet inconnu, il prône une idée qui fera date : l’extermination « au moyen de gaz approprié » de certaines catégories de délinquants et de malades mentaux – doctrine qu’Adolf Hitler appliquera à la lettre dans son sinistre programme « T4 ». Si l’on ajoute à cela qu’il fut un ardent partisan du régime de Vichy et que l’extrême droite, Le Pen en tête, a reconnu en lui le « père spirituel et le fondateur de l’écologie », on est en droit de trouver la référence carrélienne de l’équipe du PPL Therapeutics particulièrement malodorante.

Cet incident est d’autant plus dérangeant qu’il n’est pas le premier cette année. Déjà mi-janvier, le Cercle Marc Bloch dénonçait l’apologie de Carrel faite par le professeur lyonnais Jean-Michel Dubernard à l’occasion de la très médiatique double allogreffe des mains qu’il avait pratiquée avec succès. « Heureux de prolonger les travaux d’Alexis Carrel », avait-il lâché.

Plusieurs membres de la communauté scientifique sont ainsi à l’origine d’une propagande idéologique scandaleuse tendant à la réhabilitation d’un docteur élitiste et raciste. L’audience internationale donnée à cette première médicale ne fait qu’accentuer le malaise dont on peut légitimement être saisi. Il est peut-être temps pour la communauté scientifique de rappeler avec force, surtout lorsqu’on touche à l’avenir génétique de l’homme, qu’Alexis Carrel n’est absolument rien d’autre qu’un porc cloné.

Tristan Mendès France
avril 2000

Les dérives négationnistes du Hezbollah.

Les dérives négationnistes du Hezbollah. Date de Création: 10 Mar, 2000, 12:39 PM

Le Hezbollah pro-iranien n’est désormais plus considéré comme un groupe terroriste. Dont acte. Pourtant, ces dernières années, au moment de sa reconversion et de l’obtention d’une fébrile légitimité, le Hezbollah a contribué à planter une bien mauvaise graine dans le sol pétri de haines du Moyen Orient. Une graine, c’est le négationnisme, qui gangrène les principales capitales de la région. La violence infligée n’est plus un terrorisme physique mais moral, verbal et pourtant indépassable, peut-être plus destructeur encore que la lutte armée. Cette graine a commencé son œuvre il y a quelques années, importée de France par Roger Garaudy qui, on s’en souvient, était triomphalement accueilli en Egypte à la suite de sa condamnation par la XVIIe chambre correctionnelle de Paris, au mois de février 1998. Le livre de l’ancien philosophe communiste converti à l’Islam, « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne », soutenait la thèse selon laquelle Israël aurait fabriqué le mythe de la Shoah dans le but d’acquérir une légitimité sur la terre de Palestine.

Le 31 janvier dernier, Mohamed Kheir al-Wadi, éditorialiste au quotidien gouvernemental syrien Tishreen, écrivait : « Le Sionisme a créé le mythe de l’Holocauste pour terroriser le monde intellectuel et politique […] Je pense qu’Israël et les organisations sionistes ont deux objectifs. Le premier est de recevoir plus d’argent de l’Allemagne et des pays occidentaux en compensation du prétendu Holocauste. Le second objectif est de s’appuyer sur le mythe de l’Holocauste pour accuser d’antisémitisme tout opposant au Sionisme et à sa politique expansionniste ». Cette déclaration est loin d’être marginale.

Des dizaines de déclarations similaires ont fleuri ces dernières semaines sur les médias officiels Syriens, Libanais, des Emirats ou du Qatar. Autant de pays visités il y a deux ans par Garaudy. Le site Internet qui soutient officiellement l’ancien philosophe, « Radio Islam », créé par l’opposant marocain Ahmed Rami, est l’un des plus vastes sites négationnistes du Web, hébergeant aussi bien la « Revue d’Histoire Révisionniste » de Robert Faurisson que le site du Hezbollah (www.hesbollah.org). Ahmed Rami est par ailleurs un ami du Hezbollah et des principaux dirigeants iraniens chez qui il était accueilli en grande pompe à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Cet engrenage, loin de favoriser un rapprochement israélo-arabe, tels que le laissaient envisager les accords d’Oslo , attise au contraire les haines et rend tout dialogue laborieux. Hosni Moubarak, en visite au Liban il y a deux semaines, prenait verbalement position en faveur du Hezbollah. Et c’est en Egypte que les thèses négationnistes de Garaudy se sont le plus rapidement développées. La conversion « résistante » du Hezbollah a également permis d’élaborer une rhétorique de victimisation qui identifie l’Etat d’Israël et ses dirigeants au régime nazi. Ainsi, le 28 février dernier, la télévision d’Etat libanaise déclarait qu’Israël partageait avec le nazisme « un même racisme, une même criminalité et, globalement, la même histoire ». Quelques jours plus tôt, le 22 février, dans un même ordre d’idée, on pouvait lire dans le quotidien gouvernemental syrien Al Thawra, sous la plume de l’éditorialiste Muhammed Ali Bouzha : « Israël se révèle une entité pleine de haine et de racisme, qui sponsorise le terrorisme, surpassant même les Nazis et leurs actes criminels par ses meurtres, destructions, dévastations et son dédain à l’égard de l’humanité ».
A l’heure où notre Premier Ministre subie encore les foudres politiciennes de certains arrivistes pour avoir dit une vérité toute simple, proposons à ces détracteurs d’aller sur le site du Hezbollah pour voir ce qui s’y dit réellement, qu’ils visitent le site en regardant attentivement les séquences vidéos dites « d’actions résistantes » où les attentats ont été filmés en direct.

Tristan Mendès France
Michael Prazan
10/3/00